logo

Contesté au sein du FN, Florian Philippot lance son "association" baptisée "Les Patriotes"

De plus en plus contesté au sein du Front national, Florian Philippot, le vice-président du parti de Marine Le Pen, chantre de la sortie de l'euro, a lancé cette semaine une "association au sein du FN".

L’heure des règlements de comptes semble avoir sonné au Front national (FN), sèchement battu dans les urnes, le 7 mai dernier par Emmanuel Macron, et tiraillé par des querelles internes qui s’affichent désormais au grand jour.

Au cœur de la discorde : le vice-président du parti Florian Philippot, très influent auprès de Marine Le Pen. Trop influent aux yeux de ses détracteurs, dont le fondateur du FN Jean-Marie Le Pen.

Sa ligne souverainiste anti-européenne, basée sur la sortie de la zone euro, est ouvertement contestée par les cadres frontistes. Elle est même accusée d’être responsable de la défaite au deuxième tour de la présidentielle, malgré un résultat record pour le FN.

Philippot lance "Les Patriotes"

Et ce n’est pas la décision de Florian Philippot, l’omniprésente tête d’affiche médiatique du parti, de lancer cette semaine "Les Patriotes", une "association dans le FN et pour la victoire de Marine Le Pen", qui va calmer les esprits. Même s’il se défend de créer un courant indépendant.

Cette association aura pour but de "défendre et porter le message" de la présidente du parti, délivré au soir du 7 mai. Quelques minutes après l’annonce de sa défaite, la députée européenne avait annoncé une "transformation profonde" à venir du FN, et évoqué un changement de nom.

Florian Philippot, qui présidera cette "association de rassemblement", sera entouré par trois vice-présidents dont Sophie Montel, eurodéputée frontiste depuis 2014, le comédien et candidat aux législatives Franck de Lapersonne et Maxime Thiébaut, ex-cadre du parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France, qui a récemment rallié le FN. S'il sera possible d'adhérer à son association sans être membre du Front national, Florian Philippot a assuré à l'AFP qu'il n'y avait "aucune raison" de voir dans cette initiative une concurrence pour le FN.

Une "signification égotique"

Depuis cette annonce, les critiques, souvent teintées d’ironie, pleuvent sur Florian Philippot. Plusieurs cadres frontistes, dont les eurodéputés Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen, et Gilles Lebreton, ont publiquement exprimé leur désapprobation.

Le dernier cité a tweeté un message sans équivoque mardi : "Je n'adhère pas à l'association Les Patriotes. Je reste à 100 % au FN, avec Marine Le Pen".

"Dans le contexte actuel, on ferait mieux de créer une association pour gagner les législatives", a tancé, ce mercredi dans Le Figaro, le député apparenté au FN Gilbert Collard. "Cette association a pour but de donner un espace politique à Florian Philippot", a-t-il jugé, voyant dans sa démarche une "signification égotique".

Cette initiative, qui n’a pas encore été commentée par Marine Le Pen, intervient une semaine après la menace proférée par son lieutenant, Florian Philippot, de quitter le FN si celui-ci retirait de son programme la sortie de la zone euro. Une mesure que Marine Le Pen avait commencé à mettre en sourdine lors de sa campagne du deuxième tour de la présidentielle.

Une menace qualifiée de chantage par Nicolas Bay, secrétaire général du FN et député européen. "Le débat est toujours préférable au chantage", a-t-il affirmé lundi dans le Figaro.

Après l’annonce du retrait de la vie politique de Marion Maréchal-Le Pen, la garante de la ligne identitaire du FN, qui a déboussolé bon nombres d’adhérents, après le trépas de l’éphémère alliance avec le parti souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan, le FN fait une nouvelle fois parler de lui en s’offrant une crise au sommet à quelques semaines des législatives.