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Un ex-guérillero doit rejoindre la France avec Betancourt

La France doit accueillir, dans les prochains jours, un ancien combattant de la guérilla colombienne des FARC qui a permis la fuite d'un otage. Il devrait arriver avec Ingrid Betancourt, qui a souhaité retourner en France avec lui.

AFP - La France va accueillir dans les prochains jours un ancien combattant de la guérilla colombienne des Farc qui a permis la fuite d'un otage, une récompense promise par Paris pour son geste.

"A priori les conditions sont remplies, même si des détails restent à régler" pour que Wilson Bueno, alias "Isaza", puisse partir en France, a-t-on indiqué samedi à l'AFP, de source diplomatique à Bogota.

La même source a précisé que ces détails étaient de nature logistique - achat du billet d'avion, type de visa qui lui sera délivré dans un premier temps.

Selon le chef d'état-major interarmes, le général Freddy Padilla, Isaza pourrait partir dès lundi avec Ingrid Betancourt, l'ex-otage franco colombienne, qui se trouvait samedi à La Paz, et qui a souhaité retourner en France avec lui.

"Le gouvernement (colombien) s'est entretenu avec le gouvernement français, a assuré le général à des journalistes. Dans la mesure du possible, il (Isaza) partira lundi avec Ingrid Betancourt, le gouvernement français lui ayant donné un traitement spécial".

Cependant de source diplomatique, la date de son départ n'a pas été confirmée.

"Nous espérons que le voyage aura lieu dans quelques jours. Le gouvernement et les organismes d'Etat qui sont impliqués dans les démarches pour résoudre la situation juridique d'Isaza ont tout intérêt à ce que cela se passe ainsi", avait déclaré auparavant à l'AFP un porte-parole de la présidence colombienne, Cesar Velasquez.

La France a pour sa part rappelé samedi sa "disponibilité" à accueillir d'anciens guérilleros des Farc, pourvu qu'ils aient renoncé à la lutte armée et ne fassent "pas l'objet de poursuites". Le ministère français des affaires étrangères a cependant déclaré ne pouvoir donner de précisions sur les modalités de sa venue.

Pour que le guérillero puisse être accueilli en France, la justice colombienne devait notamment s'assurer qu'aucune charge n'est retenue contre lui.

Wilson Bueno Largo, 28 ans, s'était enfui le 26 octobre avec Oscar Tulio Lizcano, un ex-parlementaire otage des Farc dont il avait la garde.

Le président colombien Alvaro Uribe avait alors annoncé qu'il pourrait entamer une nouvelle vie en France s'il le souhaitait, Paris ayant donné son accord. Il avait également promis une récompense qui pourrait atteindre 400.000 dollars, une manière d'encourager d'autres désertions.

Restait à surmonter des obstacles juridiques, car "Isaza", membre d'un groupe qualifié de terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, pouvait être accusé d'enlèvement ou de complicité d'enlèvement, ce qui constituait un crime non amnistiable, selon les spécialistes.

Les sources consultées par l'AFP n'ont pas précisé samedi comment techniquement ces obstacles avaient pu être surmontés, indiquant simplement que sa situation juridique était réglée.

Le 30 novembre l'ex-otage Franco-Colombienne de la guérilla des Farc Ingrid Betancourt avait annoncé lors d'une visite éclair à Bogota qu'elle était porteuse d'une lettre du président français Nicolas Sarkozy dans laquelle la France s'engageait à oeuvrer pour "une solution négociée" avec la guérilla et se disait à nouveau prête à le recevoir.

Elle avait aussi insisté sur la nécessité de le récompenser. "Lorsqu'une personne met sa vie en danger pour faire le bien, il faut réfléchir", avait-elle déclaré lors d'une conférence de presse, en souhaitant pouvoir retourner en France avec lui et sa compagne.

Isaza, qui ne parle pas Français, avait dans un premier temps indiqué qu'il ignorait s'il souhaitait partir dans ce pays dont il ne connaissait rien.

"J'ai longuement parlé avec Isaza et j'ai réussi à le convaincre de se rendre en France", avait cependant annoncé une dizaine de jours plus tard son ancien otage, Oscar Tulio Lizcano, ex-parlementaire de 63 ans enlevé en août 2000.

En France, l'organisme en charge des réfugiés, l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) avait pour sa part précisé que s'il était accueilli dans le pays, il bénéficierait d'un simple "droit de séjour", Wilson Bueno ne remplissant pas à priori les critères exigés pour les réfugiés politiques.