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L'artiste contestataire russe Piotr Pavlenski obtient l'asile politique en France

Ses performances provocatrices visent souvent le pouvoir russe. Poursuivi dans son pays pour des faits qu'il nie en bloc, Piotr Pavlenski a obtenu jeudi, avec sa famille, le statut de réfugié politique en France.

Il a incendié les portes du siège de l'ex-KGB, s'est cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge ou encore s'est cousu les lèvres pour soutenir les Pussy Riot lors de leur procès pour avoir ouvertement critiqué le président russe Vladimir Poutine. L'artiste contestataire russe Piotr Pavlenski, très critique du Kremlin, a obtenu l'asile politique en France, jeudi 4 mai.

"L'artiste et sa compagne ont obtenu le statut de réfugiés politiques" auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), a déclaré son avocate Dominique Beyreuther Minkov. "La France reste une terre d'asile pour les opposants politiques. C'est là notre honneur", s'est-elle félicitée.

Piotr Pavlenski, âgé de 33 ans, et sa compagne Oksana Chaliguina, arrivés en France, à Paris, avec leurs deux enfants en janvier, n'ont pas souhaité réagir.

Accusé d'agression sexuelle en Russie

Après avoir passé sept mois en détention, Piotr Pavlenski a été condamné en juin 2016 à une simple amende pour avoir "endommagé" la Loubianka, siège historique des services de sécurité russes, une décision d'une rare clémence dans le contexte politico-judiciaire russe. Celui qui se revendique de "l'art politique" avait arrosé les portes d'essence avant d'y mettre le feu.

En décembre 2016, la justice russe l'a rattrapé, cette fois sur des accusations d'agression sexuelle portées par une actrice de théâtre, qu'il conteste farouchement. "Je ne sais pas quel est l'intérêt de la personne qui a fait cette fausse déclaration, mais en l'occurrence elle est très utile au pouvoir qui peut de cette façon nous exclure", déclarait-il en janvier à son arrivée à Paris.

Piotr Pavlenski et Oksana Chaliguina ont raconté avoir été interpellés à l'aéroport de Moscou au retour d'un voyage à Varsovie, le 14 décembre, et s'être vu alors notifier les accusations d'agression sexuelle. "On nous a expliqué qu'on avait en gros deux possibilités (...) : aller en prison dans un camp pour dix ans, avec tout le loisir d'expliquer aux autres prisonniers qu'on avait été victimes d'une sale intrigue, ou partir de Russie", a relaté l'artiste.

Le couple a alors quitté la Russie en voiture, via l'Ukraine, pour la France, qui fut la terre d'exil de nombreux Russes au lendemain de la Révolution d'octobre. Il affirme avoir franchi la frontière russe sans difficultés.

Pour l'artiste, c'est un bannissement en bonne et due forme : "Si on nous a exclus (...), c'est bien pour notre position".

Avec AFP

Tags: Russie, Culture,