Taxer les énergies fossiles pour lutter contre le réchauffement climatique. Le Canada et la Suède ont déjà opté pour la taxe carbone. La France s'apprête à leur emboîter le pas.
Ne dîtes pas "taxe carbone" mais plutôt "contribution climat énergie". A Paris, le gouvernement s'apprête à mettre en oeuvre cette nouvelle fiscalité destinée à réduire la consommation d'énergie fossile. Mais attention, pas question de créer un impôt de plus. C'est en tous cas ce que promettent les pouvoirs publics. Le 9 juillet dernier patrons, syndicats et organisations gouvernementales se sont retrouvées autour de Michel Rocard, chargé de mettre au point la taxe carbone en France. Le principe est donc acté : particuliers et entreprises seront fiscalement incités à moins consommer de pétrole, de gaz ou de charbon pour produire, transporter, se déplacer ou se chauffer.
En France, cette taxe est notamment portée par la Fondation Nicolas Hulot, se traduirait par une hausse des prix du carburant à la pompe et représenterait 300 euros pour une famille de deux parents actifs et un enfant vivant en milieu rural contre 80 euros pour un célibataire vivant en ville (chiffres INSEE). D'où l'idée de mettre en place un "chèque vert" pur récompenser les comportements vertueux et compenser les différences entre ruraux (sans transports en commun et plus dépendants du fuel domestique) et citadins.
Pour qu'elle soit efficace dans la lutte contre le réchauffement climatique, cette taxe doit à terme être appliquée par l'ensemble de la communauté internationale. La conférence de Copenhague sur le climat en décembre prochain devrait permettre d'obtenir des avancées. En l'absence de consensus, la France propose une taxation aux frontières des entreprises étrangères qui ne subiraient pas cet impôt afin de ne pas fausser la concurrence avec les entreprises écologiquement vertueuses. Pour la première fois à la fin du mois de juin, l'Organisation Mondiale du Commerce s'est montrée ouverte à cette idée.
Car selon de nombreux scientifiques et écologistes il y a urgence à lutter contre le réchauffement. Parmi ces voix qui s'élèvent celle d'Olivier Pitras, le premier français à avoir franchi le passage Nord Ouest à bord de son voilier dans le grand nord. En 2008, il a de nouveau fait le tour du Groenland et, pendant un an, il a recueilli les témoignages des habitants du cercle polaire sur leur vision du réchauffement climatiques. Si certains appellent de leurs voeux l'arrivée des compagnies pétrolières en espérant s'enrichir, beaucoup redoutent la fonte du permafrost et la transformation radicale du continent.
Lutter contre le réchauffement climatique est désormais une priorité à l'agenda politique mondiale. Aux Etats-Unis, le nouveau président Barak Obama espère un soutien sans faille du congrès sur ce dossier. En Europe, seule la Russie traîne encore des pieds. En Attendant une réduction sensible de la consommation des énergies fossiles, des expériences ont lieu en Italie et en Allemagne. Dans ces deux pays, on a décidé d'enterrer le dioxyde de carbone déjà émis dans d'anciens gisements de gaz ou de pétrole par exemple afin que les gaz ne se répandent pas dans l'atmosphère. Une solution de court terme mais qui n'est pas sans intérêt.