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Au menu de cette revue de presse internationale du mercredi 3 mai : la présidentielle française vue de l’étranger, la fermeté affichée de Theresa May face à Bruxelles, et la disparition des salles obscures en Afrique de l’ouest.
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Un mot, pour débuter cette revue de presse internationale, de la présidentielle française vue par les journaux étrangers.
The Guardian, au Royaume-Uni, passe au crible la stratégie du favori des sondages, Emmanuel Macron. «Battre Marine Le Pen ne sera pas suffisant», prévient le journal, en invitant le «centriste» à «tendre la main», et à construire une coalition qui puisse «rassembler» le «pays divisé» que serait la France. «M. Macron, prévient le journal, ne peut rien tenir pour acquis, surtout en ces temps de dégagisme et d’abstention». The Guardian revient longuement sur la décision de nombreux électeurs de ne pas se rendre aux urnes dimanche prochain, «malgré l’importance des enjeux» de ce scrutin. Des abstentionnistes que le quotidien présente comme «influencés par le populiste de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui a tort de dire que les Français ne se voient pas proposer un vrai choix». «Nous soutenons M. Macron, qui doit trouver le langage et les engagements qui prouveront qu’il n’est pas seulement un rempart contre le néo-fascisme, mais une voix pour la France tout entière». En Suisse, le dessinateur Chapatte, pour Le Temps, s’inquiète du fort niveau d’abstention annoncé, modifiant la devise républicaine: «Liberté, égalité, ça m’est égal».
Des électeurs prêts à s’abstenir à un moment où l’extrême-droite s’approche encore du pouvoir, d’autres prêts à soutenir «l’héritier politique» de «celui qu’ils ont pourtant proscrit de l’Élysée», François Hollande... En Espagne, El Pais s’étonne de la «schizophrénie» française. «Le mal-être dont souffre la France est une maladie de riche, le résultat d’une schizophrénie collective. Ceux-là mêmes qui rendent François Hollande responsable de tous leurs malheurs, au point d’en faire le président le plus impopulaire de la Vème République, sont sur le point d’élire son héritier politique. Un pays qui ne sait pas faire de réformes sans faire de révolution fait le pari du seul candidat réformiste».
Marine Le Pen, elle, recueille le soutien des Russes, d’après la presse locale. Affirmant suivre avec attention la campagne en cours, le site public russe The Moscow Times fait état d’un sondage dans lequel 55% des personnes interrogées disent s’informer des faits et gestes de la candidate du Front national et 61% la soutenir. Seuls 8% se prononcent en faveur d’Emmanuel Macron, le reste ne soutenant ni l’une ni l’autre.
Une autre bataille électorale se joue également au Royaume-Uni, où Theresa May a convoqué des législatives anticipées pour le 8 juin prochain. La première ministre britannique, on l’a dit, entend disposer d’une large majorité pour négocier le Brexit comme elle l’entend – et ce qu’elle entend faire passer comme message, auprès de ses compatriotes comme de Bruxelles, c’est qu’elle ne se laissera pas faire. La chef du gouvernement cultive l’image d’une dirigeante à la fois proche de ses compatriotes et déterminée, d’où cette photo en une du Independent, qui la montre en train d’engloutir quelques chips à la bonne franquette, assortie de cette déclaration «L’Europe va voir que je suis vraiment une dure à cuire». Une déclaration faite hier en marge d’un déplacement en Cornouailles, accueillie par ce commentaire, en légende: «Le sort en est jeté. Avec ses propos, la Première ministre a encore mis du sel sur les plaies euro-britanniques». La même photo, en rafale, fait la une du Guardian. Le jounal ironise sur la façon dont Theresa May, qui tente de reprendre la main après les fuites dans la presse sur le mauvais départ qu’auraient pris les négociations sur le Brexit, semble passablement mal à l’aise. Ces images ont donné lieu à d’innombrables détournements sur les réseaux sociaux, en voici un, trouvé sur Twitter: «C’est le choc : Theresa May dévorant un cerveau humain en public».
Tout autre chose, pour terminer : la disparition de nombreux cinémas dans les villes d’Afrique de l’Ouest. Un très beau reportage du journal La Croix nous emmène à Lomé, la capitale du Togo, où il n’y a plus de cinéma depuis six ans. Comme dans beaucoup d’autres villes de la région, témoigne le journal, les salles obscures ont disparu, vaincues par la diffusion massive de la télé, le manque de soutien de l’État, et l’arrivée des DVD. Le Rex, le Togo, l’Opéra, le Capitole, le Champs-Élysées ou encore le 24 Janvier, qui ont longtemps rythmé les nuits de «Lomé la belle», ont fermé leurs portes. Une époque révolue dont Jacques Do Kokou, l’auteur, en 1975, du premier film togolais, a été le témoin privilégié. Parce qu’il croit à l’intérêt intact du public, il s’efforce, depuis dix ans maintenant, de faire renaître la cinéphilie à travers la mise en place d’un cinéma itinérant dans les écoles togolaises. Il milite aussi sans faiblir pour un cinéma national. Sur le projet de l’homme d’affaires français Vincent Bolloré d’ouvrir à Lomé, comme dans plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest, une salle flambant neuve, il dit: «Cela veut dire rouvrir des salles, mais aussi réfléchir à ce que l’on met dedans ! Le cinéma, c’est rêver. Il faut que le gars, malgré la misère, continue à rêver. Qu’il rêve que son village soit le plus beau village du monde! Il ne suffit pas de diffuser des films standardisés et étrangers, avec une programmation faite depuis Paris».
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