Au menu de cette revue de presse française du mercredi 26 avril : la campagne "comme si de rien n’était" de Marine Le Pen, la stratégie d’ouverture à droite d’Emmanuel Macron, et l’hommage rendu hier à Xavier Jugelé, le policier assassiné la semaine dernière sur les Champs-Élysées.
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À la une de la presse française, ce matin, la campagne de Marine Le Pen. La candidate du Front national est parvenue à se qualifier pour le second tour, quinze ans après son père, sans que cela suscite le même rejet.
Marine Le Pen serait-elle devenue «une candidate normale»?, s’interroge Le Parisien. La «dédiabolisation» du FN semble «plutôt bien fonctionner», estime le quotidien. La candidate a commencé à envisager cette stratégie dès 2002, lorsqu’elle a vu des millions de Français sortir dans la rue pour dire non à son père, Jean-Marie Le Pen : «J’ai compris à quel point la diabolisation nous empêcherait toujours d’accéder un jour au pouvoir», aurait-elle confié il y a plusieurs années. Quinze ans après, résume Le Parisien, le front républicain s’est fissuré, faire campagne n’est plus impossible, et il n’y a pas eu de grande manifestation anti-FN. Interrogés place de la République, certains se souviennent encore de celle de 2002. «On était choqués, comme tout le monde. Jean-Marie Le Pen, il faisait peur », témoignent Mazen et Francisco. Cette fois, ils disent avoir soutenu Jean-Luc Mélenchon et ne pas avoir l'intention d'aller voter dans dix jours, malgré les appels du pied de ces dernières heures de Marine Le Pen en direction des mélenchonistes. «Le projet de M. Macron est fratricide», «c’est l’argent roi, c’est la dérégulation totale», a-t-elle déclaré hier. Le Huffington Post l’accuse d’avoir sorti «l’artillerie lourde», «la grosse Bertha» pour courtiser les partisans de Jean-Luc Mélenchon et rassembler le plus largement possible. Marine Le Pen s’est même définie comme «européenne», selon Le Monde, qui rapporte qu’elle a assuré ne pas être «une adversaire de l’Europe» et vouloir «des accords entre les nations librement consentis».
Pendant ce temps, Emmanuel Macron «cherche à bâtir une majorité qui aille au-delà de son mouvement et du PS», d’après Le Figaro. Le journal raconte comment le candidat d’En Marche s’est lancé dans la recherche de soutiens à droite. «Les manoeuvres d’approche et les prises de contact» s’étant multipliées, ces dernières heures, «en coulisses et dans la plus grande discrétion», selon le journal, qui cite les rumeurs de «prises de guerre potentielles», Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet, ou encore Christian Estrosi – même si pour le moment, seul Bruno Le Maire a officiellement offert ses services. Le Figaro évoque aussi, à gauche, «les mains tendues» de Manuel Valls, qui laisseraient toutefois son ex-ministre «insensible» pour le moment.
La gauche ne voit évidemment pas d’un très bon œil cette stratégie d’ouverture à droite. Toujours selon Le Figaro, les socialistes seraient conscients de ne pas être dans « une relation exclusive avec Emmanuel Macron», tout en restant sur leurs gardes. «Macron, pour nous, c’est un vote de deuxième tour assumé, mais cela confirme bien nos réserves», confie l’un d’entre eux. La stratégie de rassemblement d’Emmanuel Macron, résume Libération, fait forcément des mécontents à gauche comme à droite, les uns étant rebutés par son programme «très libéral», et les autres, par sa participation dans le quinquennat de François Hollande.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont tous deux été conviés à assister à l’hommage rendu hier à Xavier Jugelé, le policier assassiné sur les Champs-Elysées, à la veille du premier tour. Le Figaro raconte que François Hollande a prononcé à cette occasion un éloge très politique, en s’adressant indirectement aux deux candidats. À ceux «qui auront à décider pour demain, je leur demande d’accorder les ressources budgétaires nécessaires pour recruter les personnels indispensables à la protection de nos concitoyens», a-t-il déclaré, avant de dénoncer une nouvelle fois la tentation populiste, sans citer Marine Le Pen. «Ce qui est attendu, c’est de la constance, de la persévérance, de la cohérence dans l’effort, plutôt que des surenchères et des ruptures». D’après Le Figaro, François Hollande avait également tenu à ce que le compagnon de Xavier Jugelé puisse prendre officiellement la parole – «un symbole important, (puisque) dans l’héritage du quinquennat, il y a aussi le mariage pour tous, même si ce couple n’était pas marié», explique un conseiller. Étienne Cardiles a donc rendu un hommage poignant à celui qui partageait sa vie, cité par Libération. «Lorsque sont parus les premiers messages informant les Parisiens qu’un événement grave était en cours sur les Champs-Élysées et qu’un policier avait perdu la vie, une petite voix m’a dit que c’était toi, et elle m’a rappelé cette formule généreuse et guérisseuse: «Vous n’aurez pas ma haine».
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