
On le surnomme le "Solar Impulse des mers". Vendredi 14 avril, l’Energy Observer, titanesque multicoque à l’empreinte écologique quasi nulle, sera mis à l’eau dans le port de Saint-Malo avant d'entamer un tour du monde de six ans.
Vendredi matin, suivez en direct la mise à l’eau du navire depuis Saint-Malo sur nos comptes Facebook, Twitter et Snapchat (MashableFR). Retrouvez-nous également en live sur Facebook en fin de journée pour une visite à l’intérieur du bateau, menée par les deux co-fondateurs du projet.
Six ans. L’Energy Observer s’apprête à partir du port de Saint-Malo, vendredi 14 mars, pour une expédition de six belles années consacrées à la protection, et surtout la sauvegarde, de notre environnement. Cet ancien bateau de course, aujourd’hui reconverti en catamaran futuriste zéro émission, sillonnera les océans du globe en totale indépendance énergétique et fera escale dans 50 pays différents.
L’eau, le vent, le soleil et la chimie devront porter à eux seuls sur les flots ce géant des océans
Pas moins de 101 étapes sont prévues durant son périple, durant lesquelles ses six membres d’équipage iront dénicher les solutions "écolo-technologiques" de demain. L'équipe d'Energy Observer décrit elle-même son embarcation comme "une véritable plateforme expérimentale qui réalisera le premier tour du monde dédié aux énergies du futur, pour tester ces technologies en milieu extrême, et ainsi permettre leur application en milieu terrestre".
Victorien Erussard, capitaine du navire, et Jerôme Delafosse, chef de l’expédition, auront passé trois ans à superviser un chantier dispersé entre Saint-Malo, Paris, Chambéry et Grenoble. Près de 50 ingénieurs, ouvriers ou architectes se sont affairés afin de rendre possible ce projet grandiose pour lequel près de 5 millions d’euros ont été levés auprès de partenaires publics et privés. Il faut dire que l’Energy Observer est, du moins dans la catégorie des catamarans, un véritable géant des mers. L’eau, le vent, le soleil et la chimie devront porter à eux seuls sur les flots ses 30,5 mètres de long et 12,80 mètres de large, bien qu’il reste un navire léger.
L’hydrogène, un "carburant" inépuisable
C’est bien l’exploitation de l’eau comme ressource énergétique qui s’avère être la facette la plus révolutionnaire de l'Energy Observer. Après avoir récupéré et dessalé les molécules d’eau de mer à l’aide d’un désalinisateur, l’équipage extraira son "or vert", l’hydrogène, grâce à un électrolyseur. De son côté, une pile à combustible permettra de transformer ces quantités d’hydrogène en électricité, dont une bonne partie sera stockée pour alimenter le bateau lorsque les deux éoliennes et les 130 mètres carrés de panneaux photovoltaïques ne pourront fonctionner. Tous ces panneaux solaires sont d'ailleurs bifaciaux, c'est-à-dire qu'ils réverbèrent la lumière du soleil même sous l’eau, et en partie équipés d’antidérapant afin que l’équipage puisse marcher dessus. "Le but, c'est de ne gâcher aucune énergie. Tout ce que l'on n'utilise pas sera stocké à bord et utilisé ultérieurement. La nuit par exemple, lorsque nous manquerons d'énergie électrique", a expliqué à L’Express Jerôme Delafosse.
Deux moteurs électriques à très haut rendement, alimentés via les différentes sources d’énergie, seront également à la disposition de l’équipage, du moins lorsqu’il sera possible de les utiliser. Ces derniers pourront enfin être convertis en hydrogénérateurs grâce à un kit de traction intelligent, sorte d’immense cerf-volant destiné à augmenter la vitesse du bateau.
Qui sont les membres d’équipage ?
Pour sûr, des navigateurs expérimentés. Victorien Erussard a couru au large pendant près de 10 ans, notamment lors d’une Route du Rhum, quatre Transats Jacques Vabre ou encore une expédition au Pôle Sud. L’aventure Energy Observer, qu’il voit comme "un pari technologique et scientifique", aura su lui faire oublier le petit goût iodé de la compétition. Car après tout, cette expédition n’est-elle pas un challenge plus grand que n’importe quelle transatlantique, même en solitaire ?
Jérôme Delafosse, lui, explore les océans depuis plus de 20 ans, équipé de ses bouteilles et de ses caméras. Scaphandrier professionnel, photographe sous-marin, réalisateur de documentaires (dont plusieurs consacrés aux requins), chroniqueur dans l’émission Les Nouveaux Explorateurs de Canal +, auteur de romans, archéologue… Ce couteau suisse a, comme Victorien, la mer dans le sang. Quatre marins leur prêteront main forte tout au long de l'expédition.
Le bateau, qui restera encore plusieurs semaines dans le port de Saint-Malo, sera accessible au grand public jusqu'au 17 avril. Il prendra le large cet été pour un tour de France qui s'achèvera à Monaco en décembre prochain. Après cette mise en bouche hexagonale, le monde s'offrira à lui.
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