
En RD Congo, le principal parti de l'opposition, l'UDPS, dénonce "un scénario de mauvais goût" après la nomination par Joseph Kabila de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre, vendredi. Ce dernier avait été exclu du parti fin février.
En RD Congo, la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre par le président Kabila, vendredi 9 avril, a provoqué l'ire de l'UDPS, le principal parti d'opposition, et soulevé l'inquiétude de l'Union européenne.
"La nomination de Bruno Tshibala comme Premier ministre est un scénario de mauvais goût qui ternit à la fois l'image de Joseph Kabila et de la RDC", juge Augustin Kabuya, porte-parole de l'UDPS, intérrogé par l'AFP. Bruno Tshibala avait été exclu du parti fin février pour avoir contesté la réorganisation de la direction après la mort, le 1er février, de son leader emblématique, Étienne Tshisekedi. "C'est une récompense à la trahison, c'est une distraction", estime le porte-parole de l'UDPS.
Si officiellement le nouveau Premier ministre fait toujours partie de la coalition de l'opposition réunie sous la bannière du "Rassemblement", "une partie [de la coalition] ne le considère plus comme un de ses membres", précise le correspondant de France 24 en RD Congo, Thomas Nicolon.
Sa nomination intervient dans le cadre de l'accord de la Saint-Sylvestre conclu entre l'opposition et la majorité pour tenter de sortir le pays d'une nouvelle crise politique provoquée par la décision de Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au delà de son dernier mandat constitutionnel, qui arrivait à échéance le 20 décembre 2016. Les deux parties s'étaient entendues pour gouverner ensemble jusqu’à la tenue d’une nouvelle élection présidentielle fin 2017 à laquelle le président en place s’engageait à ne pas se présenter. Kabila était maintenu au poste jusqu'à la tenue du nouveau scrutin et le poste de Premier ministre échoyait à l'opposition.
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement sortant, a estimé vendredi que la décision présidentielle respectait bien "l'esprit et la lettre de l'accord". La représentation de l'Union européenne en RDC parle pour sa part d'une désignation prise "contrairement à la lettre et à l'esprit de l'Accord du 31 décembre 2016".
Appel de l'opposition à manifester
Elle "invite les autorités à garantir le respect de l'espace public et à éviter l'utilisation disproportionnée de la force par les responsables du maintien de l'ordre", agitant la menace des "mesures restrictives individuelles" contre des responsables de violations des droits de l'homme, alors que le Rassemblement appelle à une grande moblisation lundi 10 avril.
Cet appel est soutenu par l'opposant en exil, Moïse Katumbi. "Ce 10 avril et jusqu’au 24 avril, date anniversaire de l’instauration du multipartisme, j’appelle tous les Congolais à marcher pacifiquement et à répondre massivement aux mots d’ordre du "Rassemblement" pour mettre un terme à ce pouvoir répressif et illégitime qui a décidé de gouverner le pays par défi", écrit-il dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux.
Avec AFP