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La Syrie s'invite dans la campagne présidentielle française

La Syrie s'est invitée vendredi dans la campagne présidentielle après les frappes américaines dans le pays, permettant aux principaux candidats de marquer leur accord ou leur différence avec l’actuel président de la République.

Soutien de Benoît Hamon et d'Emmanuel Macron, critiques de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, prudence de François Fillon, les cinq favoris de l’élection présidentielle ont chacun réagi à leur manière, vendredi 7 avril, à l’annonce par Donald Trump de frappes américaines en Syrie et au communiqué commun publié par François Hollande et Angela Merkel.

"Assad porte l'entière responsabilité de ce développement. Son recours continu aux armes chimiques et aux crimes de masse ne peut en effet rester impuni", ont déclaré les deux dirigeants européens. En déplacement en Ardèche, le président français a ensuite estimé que la "réponse" américaine devait être "poursuivie au niveau international", "dans le cadre des Nations unies si c'est possible", afin d'"empêcher qu'il y ait de nouveau utilisation des armes chimiques et l'écrasement par ce régime de son propre peuple".

  • Marine Le Pen "un peu étonnée" par la décision de Donald Trump

"Je suis un peu étonnée, parce que [le président américain Donald] Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu'il n'entendait plus faire des États-Unis le gendarme du monde, et c'est exactement ce qu'il a fait hier", a affirmé sur France 2 la candidate Front national à l'élection présidentielle, qui avait salué l’élection de Donald Trump en novembre.

"Est-ce que c'est trop demander d'attendre les résultats d'une enquête internationale indépendante avant d'opérer ce genre de frappe ?", s'est-elle interrogée. "Ce que je voudrais, c'est qu'on ne retrouve pas le même scénario que celui qu'on a pu voir en Irak, en Libye, qui en réalité sont des processus qui ont entraîné le chaos, qui ont fini par conforter le fondamentalisme islamiste" et le terrorisme, a-t-elle ajouté.

Marine Le Pen a laissé entendre qu'il fallait continuer à parler au président syrien Bachar al-Assad "tant qu'il n'y a personne d'autre de crédible". "Ce qu'on peut faire, c'est organiser des élections. Il faut respecter la souveraineté des États, il faut s'assurer qu'il puisse y avoir des élections libres", a-t-elle répété.

  • Emmanuel Macron appelle à "une réaction forte de la communauté internationale"

"Je prends note de l'intervention américaine et de cette réaction, mon souhait [...], c'est qu'il y ait véritablement une action coordonnée sur le plan international en représailles au régime de Bachar al-Assad et en tout cas aux crimes qui ont été commis", a réagi à son arrivée à l'aéroport de Bastia le candidat d'En Marche § à l'élection présidentielle.

"C'est un crime qui nécessite une réaction forte de la communauté internationale", a jugé vendredi Emmanuel Macron. "Mon souhait, c'est que ce soit une action concertée et qu'on réinscrive tout cela dans le mandat de l'ONU", a-t-il précisé, en droite ligne avec les propos qu’il avait tenus la veille sur France 2, dans l’Émission politique, lorsqu’il s’était dit favorable à une intervention militaire pour "sanctionner" le régime syrien si sa responsabilité était avérée dans l'attaque présumée à l'arme chimique.

"Nous avons un ennemi : Daech et l'ensemble des mouvements jihadistes. Le peuple syrien a un ennemi : Bachar al-Assad", a-t-il ajouté. "Ma priorité en Syrie, elle est double : la première, c'est d'éradiquer tous les mouvements jihadistes et les terroristes islamistes qui se sont attaqués à notre pays et qui menacent justement nos ressortissants", a expliqué le candidat. "Et ensuite, c'est de construire la feuille de route diplomatique et politique qui permettra la sortie de crise".

  • François Fillon veut éviter "les risques d’un embrasement dangereux pour la paix mondiale"

"Cette riposte américaine, que l'on peut comprendre au vu de l'horreur des attaques chimiques, ne doit pas conduire à une confrontation directe des forces occidentales avec celles de la Russie et de l'Iran. Ce serait un terrible danger pour la paix", écrit l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy dans un communiqué.

Pour le candidat Les Républicains, "l'usage des armes chimiques constitue un crime de guerre qui ne doit pas rester impuni". "La France doit exiger que l'enquête des Nations unies soit conduite dans les meilleurs délais et que les mesures nécessaires soient prises pour faire respecter l'interdiction d'utilisation des armes chimiques", demande-t-il.

"Elle doit exiger que le Conseil de sécurité des Nations unies mette tout en œuvre pour trouver les voies d'un accord qui évite les risques d'un embrasement dangereux pour la paix mondiale" souhaite encore le député de Paris, critique de la politique extérieure française et partisan d'un "dialogue" plus approfondi avec Moscou.

  • Benoît Hamon pour "une solution politique sans Bachar al-Assad" en Syrie

"Bachar al-Assad s'est rendu responsable d'un nouveau massacre. Il a gazé des enfants, massacrés par des armes chimiques, ce qui est un acte criminel inacceptable et insupportable", a réagi Benoît Hamon, en visite au Creusot, en Saône-et-Loire. "Daech d'un côté et Bachar al-Assad de l'autre sont aujourd'hui des barbares de la même nature", a-t-il ajouté, appelant "à une solution politique sans Bachar al-Assad" dont la place est "devant les tribunaux internationaux".

"L'administration Trump a montré la nuit dernière qu'il y avait un coût à franchir certaines limites. Bachar al-Assad est directement responsable des frappes américaines", a-t-il ajouté dans un communiqué publié en fin de matinée.

"Notre objectif doit être de faire avancer une solution politique pour parvenir à une paix durable en Syrie sous l'égide des Nations unies" qui "ne peut, pour être viable, inclure le maintien de Bachar al-Assad […]. La Russie doit comprendre qu'on ne peut trouver de solution avec un homme qui gaze et massacre son peuple. Les paramètres d'une solution politique sont connus. Ce sont ceux qui ont été posés par les résolutions des Nations unies. Toutes les parties devront être à la table des négociations. La France devra prendre toute sa part dans leur mise en œuvre."

  • Jean-Luc Mélenchon critique du duo Hollande-Merkel

"Hollande et Merkel portent l'entière responsabilité de donner à Trump le pouvoir solitaire de frapper qui il veut quand il veut", a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur Twitter en réaction à la déclaration commune du président français et de la chancelière allemande. En matière de politique étrangère, le leader de La France insoumise est accusé par ses rivaux d'être complaisant avec Vladimir Poutine et Bachar al-Assad.

Pour son lieutenant Éric Coquerel, l'emploi d'armes chimiques "nécessite une réaction internationale", mais "rien ne peut se faire hors enquête et résolution de l'ONU, sous peine d'aggraver encore les périls dans cette partie du monde".