On raconte que le rickrolling serait né sur 4chan le 29 mars 2007, lorsqu'un internaute décide de troller gentiment une communauté de gamers. Dix ans plus tard, cette blague plutôt bienveillante s'inscrit désormais comme un pilier de la culture Web.
"Never gonna give you up, never gonna let you down…"
Si vous avez continué dans votre tête avec "Je serai là pour toi my baby", sachez que je ne suis pas fière de vous. Car même s’il est indéniable que les 2Be3 ont marqué l’histoire de la musique, "Never Gonna Give You Up" a d’abord été interprété par Rick Astley, chanteur britannique qui se retrouva grâce à ce morceau au sommet des charts en 1987… et à l’origine de l’un des phénomènes les plus emblématiques du Web, le rickrolling (ou rickroll).
Pour mémoire, le principe du rickrolling est d’inciter un internaute à cliquer sur un lien qui semble être en rapport avec sujet en particulier mais qui le redirige à son insu vers le clip de "Never Gonna Give You Up". Évidemment, l’intérêt d’une telle pratique est de troller la personne de son choix en lui faisant perdre son temps. Car on a tendance à ne pas trop s’en souvenir, mais tout cela a commencé à une époque où nos connexions Internet étaient tout de même bien moins rapides qu’aujourd’hui.
Dix ans déjà que le tout premier cas de rickrolling a été observé, le 29 mars 2007, sur la section /v/ de 4chan
C’était il y a dix ans. Dix ans déjà que le tout premier cas de rickrolling aurait été observé, le 29 mars 2007, sur la section /v/ de 4chan dédiée aux jeux vidéo, si l’on en croit Christopher Poole, le fondateur de la sulfureuse plateforme. Ce jour-là, Internet est en transe devant le tout premier trailer du jeu "Grand Theft Auto IV", à tel point que l’URL renvoyant vers la vidéo de promo est saturée. Sur 4chan, un internaute prétend avoir enfin trouvé un lien vers le trailer qui fonctionne. Le génie a frappé : il s’agit en réalité du clip de Rick Astley.
Très rapidement, on surnomme ce piège "rickroll" en référence au "duckroll", pratique qui consiste déjà, à l’époque, à renvoyer les internautes vers une vidéo de canard sur des roulettes (oui, ne cherchez pas). Mais le rickroll finira par devenir, au fil des semaines, bien plus populaire que son prédécesseur. Dix ans plus tard, si des dizaines de millions d’internautes ont probablement déjà été "rickrollés" au moins une fois dans leur vie (un sondage de Survey America qui remonte à 2008 estimait que plus de 18 millions d’Américains avaient été victimes de rickrolling), quelques coups de maître resteront dans les annales.
La crème du rickrolling
Le premier rickrolling marquant survient au mois de février 2008, lorsque des membres de la communauté Anonymous déclarent la guerre à l’Église de Scientologie dans le cadre du "Project Chanology" (qui consiste à lancer des attaques informatiques vers les sites de l’organisation religieuse et à manifester dans les rues). Lors d’un rassemblement anti-Scientologie à Londres, des centaines de personnes finissent par interpréter en chœur "Never Gonna Give You Up" dans la rue : le rickrolling live est né.
Quelques semaines plus tard, le 1er avril 2008, c’est au tour de la plateforme YouTube elle-même d’apporter sa pierre à l’édifice : ce jour-là, elle trafique toutes les URL de sa homepage pour qu’elles renvoient au clip d’Astley.
Mais l’épisode le plus magistral de l’histoire de ce phénomène surviendra en novembre de la même année, lors de la parade de Thanksgiving organisée par le grand magasin Macy’s, à New York. Alors que des mascottes entament une chanson sur leur char, Rick Astley sort de nulle part, interrompt le show et interprète son tube 14 ans après sa sortie. Internet est en délire.
Dans les années qui ont suivi son éclosion, d’autres exemples de rickrolling resteront cultes ; lorsqu’en juillet 2011, par exemple, un internaute reproche sur Twitter au compte de la Maison Blanche de ne pas être "aussi divertissant que la veille". Réponse de l’équipe de comm’ présidentielle : un rickrolling de haut-niveau.
@wiggsd Sorry to hear that. Fiscal policy is important, but can be dry sometimes. Here's something more fun: http://t.co/ca31My7 #WHChat
— White House Archived (@ObamaWhiteHouse) 27 juillet 2011
On retiendra aussi la performance de législateurs de l'État de l'Oregon qui, en 2010, se débrouillent pour inclure des extraits des paroles du morceau dans chacun de leur discours et pour en faire une vidéo qui le reconstitue intégralement.
Je finirai sur une petite touche personnelle, avec deux de mes rickrolls préférés. Ce message secret d'R2D2 :
Et ce formidable extrait de conversation sur Reddit :
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