La guerre en Syrie, qui s'est internationalisée depuis les manifestations pacifistes de 2011, entre dans sa septième année mercredi. Son bilan humain est désastreux avec plus de 465 000 morts et disparus, selon l'OSDH.
Il y a six ans jour pour jour, le 15 mars 2011, à la suite d'un appel pour "une Syrie sans tyrannie", de petites manifestations ont lieu à Damas avant d'être violemment dispersées, puis à Deraa, dans le Sud, où une centaine de Syriens sont tués dans la répression de manifestations. Dans le sillage du Printemps arabe, des mouvements de protestation éclatent en Syrie, pays gouverné d'une main de fer depuis quarante ans par la famille Assad.
Six ans plus tard, loin des manifestations pacifistes, le pays est au cœur d’un conflit international qui compte 465 000 morts et disparus, selon le dernier bilan publié par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche de l’opposition syrienne qui utilise un réseau de contacts en Syrie pour dresser un bilan quotidien de la guerre. D’après Libération, l’ONU, quant à elle, a arrêté de compter les victimes du conflit depuis mars 2016, faute d’avoir réussi à s’appuyer sur des relais locaux hétérogènes.
L'implication de jihadistes syriens et étrangers, l’avènement de l’organisation État islamique, l’utilisation d'armes chimiques par les forces armées de Bachar al-Assad, mais aussi l'intervention des puissances régionales et internationales ont modifié le visage de cette guerre et rendu la paix quasiment impossible. Depuis fin janvier, plusieurs cycles de négociations impliquant la Russie et l'Iran, alliés du régime, et la Turquie, soutien des rebelles, ont eu lieu à Astana, au Kazakhstan, sans engendrer d’avancée majeure permettant d'envisager une solution à ce conflit.
Des négociations internationales avec ou sans les rebelles
Un troisième cycle de pourparlers s’est ouvert, mardi 14 mars, dans ce petit pays d'Asie centrale, en l'absence des rebelles au premier jour des discussions, ces derniers ayant justifié leur boycott par "des promesses non tenues liées à la cessation des hostilités" en Syrie, d’après l’un de leur porte-parole Oussama Abou Zeid. Une délégation de représentants de l'opposition syrienne est toutefois attendue mercredi soir, a indiqué le ministère kazakh des Affaires étrangères.
"Pire catastrophe provoquée par l'homme depuis la Seconde Guerre mondiale"
Sur le terrain, le bilan humain est désastreux, l’OSDH estime les pertes humaines à quelque 321 000 morts et signale que 145 000 autres personnes sont portées disparues. Parmi les morts figurent 96 000 civils, précise l’Observatoire. Au sein de la population civile, les enfants sont particulièrement touchés.
Selon l'Unicef, plus de 650 enfants ont été tués l'an dernier en Syrie, soit 20 % de plus qu'en 2015. Plus du tiers d'entre eux ont été tués dans leur école ou près de leur école, précise le fonds des Nations unies pour l'enfance. Les chiffres, qui sont collectés depuis 2014, ne comptabilisent que les victimes ayant fait l'objet d'une vérification officielle, ce qui signifie que le bilan est sans doute nettement plus élevé.
Les graves violations contre les enfants en #Syrie ont atteint un niveau record en 2016 selon @UNICEF_FR https://t.co/ON1mx93LH6 pic.twitter.com/LKw4LLVND6
— Nations Unies (ONU) (@ONU_fr) 14 mars 2017Les combats rendent difficiles l'accès aux soins médicaux, d’après une étude de la faculté de médecine de l'université américaine de Beyrouth, l'année 2016 a été la plus dangereuse jusqu'à présent pour le personnel médical en Syrie, avec près de 200 attaques visant des centres médicaux.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, estime que le conflit syrien, qui entre dans sa septième année, est "la pire catastrophe provoquée par l'homme depuis la Seconde Guerre mondiale".
Avec AFP et Reuters