Sur un ton virulent, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est à nouveau est pris mardi aux Pays-Bas et à l'Allemagne, où des meetings électoraux turcs ont été interdits. L'Union européenne et Washington exhortent à éviter l'escalade.
Recep Tayyip Erdogan durcit un peu plus le ton contre les Pays-Bas. Après avoir qualifié les dirigeants néerlandais de "nazis", le président de la Turquie a dénoncé un "terrorisme d'État" et n'a pas hésité à évoquer Srebrenica pour éreinter le royaume dont le contingent de Casques Bleus n'avait pas réussi à empêcher le massacre qui y a été commis en 1995 par les forces serbes de Bosnie. "Nous connaissons les Pays-Bas et les Néerlandais par le massacre de Srebrenica, a-t-il déclaré lors d'une allocution à Ankara, mardi 14 mars. Nous savons combien leur moralité [...] a été entamée par les 8 000 Bosniaques qui ont été massacrés."
Une déclaration que le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a qualifiée de "falsification nauséabonde de l'Histoire". "Le ton d'Erdogan est devenu encore plus hystérique, a-t-il réagi à la chaîne de télévision privée RTL Nieuws. C'est inhabituel et inacceptable."
De fait, le chef de l’État turc ne décolère pas après la décision des Pays-Bas d'empêcher, ce week-end, deux de ses ministres de participer sur le sol néerlandais à des meetings en vue du référendum sur l’extension de ses pouvoirs. Après deux jours d’escalade verbale, Recep Tayyip Erdogan est passé aux mesures concrètes en suspendant, lundi, les relations avec les Pays-Bas et en refusant que l’ambassadeur néerlandais revienne en Turquie. Mardi, il a promis de "nouvelles mesures" contre La Haye sans en préciser la teneur.
"Mme Merkel, pourquoi cachez-vous des terroristes dans votre pays ?"
La tension a également grimpé avec l'Allemagne, où plusieurs villes ont refusé la tenue de meetings électoraux turcs. Le président turc s'en est pris directement à la chancelière Angela Merkel, accusée de "soutenir les terroristes". "Mme Merkel, pourquoi cachez-vous des terroristes dans votre pays ? Pourquoi n'agissez-vous pas ?", a-t-il lancé à la télévision. Et d’ajouter que la meilleure réponse aux "ennemis" serait une victoire du "oui" au référendum du 16 avril.
Réagissant aux violentes attaques d'Ankara, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a accusé le pouvoir turc de chercher par ses "provocations" contre l'Europe à peser sur le résultat de la consultation populaire. Les dernières critiques du pouvoir turc "sont absurdes" et "n'ont qu'un objectif, placer la Turquie en position de victime pour susciter un mouvement de solidarité chez ceux qui se montrent peut-être critiques" à l'égard de l'objet du référendum, a-t-il déclaré à Berlin.
De son côté, la responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a jugé "essentiel d'éviter une nouvelle escalade et de trouver les moyens de calmer la situation". Le département d'État américain a également exhorté à "éviter l'escalade".
Avec AFP et Reuters