Au lendemain de l’annonce du maintien de sa candidature malgré une convocation chez le juge le 15 mars en vue d’une mise en examen, François Fillon voit son équipe de campagne et le nombre de ses soutiens fondre. Lui assure que "la base tient".
- Des défections en série
Bruno le Maire a été le premier à démissionner, mercredi 1er mars, de l’équipe de campagne de François Fillon où il occupait un poste de représentant sur les questions internationales. Une quinzaine de ses proches lui ont aussitôt emboîté le pas. Parmi eux, un des poids lourds de l’équipe de campagne : son directeur adjoint, Sébastien Lecornu, qui a expliqué n’être "plus à même de remplir ses fonctions".
Argument similaire pour Vincent Le Roux, proche d'Alain Juppé de longue date, conseiller auprès du directeur de campagne Patrick Stefanini. Il a indiqué n’être "plus en capacité d'apporter (son) plein engagement dans (ses) fonctions au sein de la direction de la campagne présidentielle". Julien Miro, en charge des questions de jeunesse dans la campagne, également proche d’Alain Juppé, quitte aussi ses fonctions.
Le trésorier de la campagne présidentielle, Gilles Boyer, a également annoncé sa démission.
Les juppéistes Benoist Apparu (député-maire de Châlons-en-Champagne), Christophe Béchu (sénateur-maire d’Angers) et Édouard Philippe (maire du Havre) ont aussi annoncé qu’ils se retiraient de la campagne. "La tournure que prend aujourd'hui la campagne nous apparaît incompatible avec notre façon d'envisager l'engagement politique", écrivent les trois parlementaires dans un communiqué commun.
Le député Pierre Lellouche, proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy, est catégorique : François Fillon doit se retirer et l’élection doit être reportée. Autre sarkozyste, le député LR Sébastien Huyghe a fait savoir sur Twitter qu’il ne suivait plus le candidat de la droite et du centre : "En ce moment je pense au Général de Gaulle... (…) On ne peut pas dire ‘les yeux dans les yeux’ aux Français qu'on se retirera en cas de mise en examen et faire le contraire aujourd'hui."
Toujours sur Twitter, Gérald Darmanin, également proche de Nicolas Sarkozy, a affirmé avoir "honte de (sa) droite".
Le parti centriste UDI a décidé de "suspendre" sa participation à la campagne présidentielle de François Fillon, jusqu’à l’organisation d’un bureau exécutif où une décision collective sera prise sur la poursuite ou non de son soutien au candidat.
Cette liste n’est pas exhaustive. Au total, plus d’une soixantaine de soutiens et membres de l’équipe de campagne de François Fillon ont déjà annoncé qu’ils ne soutenaient plus le candidat de droite.
- L’alternative Juppé ?
Ils sont de plus en plus nombreux à réclamer ouvertement une candidature d’Alain Juppé. Le député LR Georges Fenech a appelé les élus à donner leur parrainage au maire de Bordeaux, rival malheureux de François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre, se disant "convaincu de la chute imminente de François Fillon".
Certains n’ont pas attendu cet appel pour apporter leur soutien à l’ancien Premier ministre. Le maire Les Républicains de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), Marie-Claude Jarrot, les sénateurs Jean-Pierre Grand et Franck Riester, proches de Le Maire, ont adressé au Conseil constitutionnel leurs parrainages dans ce sens.
Un proche d'Alain Juppé cité par le journal Libération indique que le maire de Bordeaux serait "prêt" à se lancer. "Prêt mais loyal", il attendrait que le candidat le sollicite.
Les candidats ont jusqu'au 17 mars pour recueillir les 500 signatures d'élus indispensables pour valider leur candidature. François Fillon a d’ores et déjà les siennes. Il est le premier candidat à la présidentielle à franchir cette étape. Alain Juppé la franchira-t-elle aussi avant la date butoir ? À ce stade, c'est une possibilité, ce qui ne le contraint en rien à faire acte de candidature.
- Les irréductibles soutiens
L'équipe de campagne de François Fillon organisera dimanche, sur la place du Trocadéro à Paris, un rassemblement de soutien au candidat de la droite à la présidentielle. L'organisation de ce rassemblement a été confiée à "Sens commun", émanation politique de "La Manif pour tous".
Seront présents ses irréductibles soutiens. Parmi eux, Bruno Retailleau, qui a décrit sur RTL "un combattant, un résistant" qui refuse "que le peuple de France, notre électorat de droite et du centre, se fassent confisquer l'élection présidentielle".
"Ce n'est pas un rassemblement contre les juges, c'est un rassemblement pour sa candidature", a pour sa part affirmé Jérôme Chartier, conseiller spécial et membre du premier cercle de François Fillon, sur France 5. Interrogée sur BFM TV, Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Île-de-France, a expliqué qu’il s’agissait d’"un rassemblement de soutien à François Fillon pour voir si le peuple considère qu'il faut lui apporter un soutien massif".
François Fillon a réagi jeudi 2 mars à Nîmes aux multiples défections dans son propre camp en relevant que "la base, elle, tient". "Je m'appuie sur les Français", a-t-il lancé.