Des incidents ont éclaté samedi en marge d'un rassemblement de plusieurs centaines de personnes à Bobigny en solidarité avec Théo, victime d'un viol présumé lors d'une interpellation brutale le 2 février à Aulnay-sous-Bois.
"La police viole", "je ne suis pas un bamboula", "la police tue des innocents" : les pancartes visant les forces de l'ordre étaient nombreuse samedi 11 février lors de la manifestation organisée à Bobigny au nord-est de Paris devant le tribunal, en solidarité avec Théo, le jeune homme victime d'un viol présumé lors d'une interpellation brutale à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Toujours hospitalisé, Théo L., jeune homme noir de 22 ans, a raconté avoir été victime le 2 février d'un viol avec une matraque télescopique au cours d'une interpellation violente aux "3 000", une cité d'Aulnay-sous-Bois. L'affaire, devenue hautement politique, a ravivé la délicate question des rapports entre jeunes et forces de l'ordre en banlieue, ainsi que celle des violences policières.
Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant les violences policières, réclamant "justice pour Théo", et évoquant aussi Zyed et Bouna, les deux adolescents dont la mort dans un transformateur électrique avait entraîné des émeutes en banlieue en 2005, ou encore Adama Traoré, mort lors de son interpellation à l'été 2016 dans le Val-d'Oise.
Camionnette incendiée
À Bobigny, vers 17h, après plus d'une heure de manifestation, des policiers postés sur une passerelle au-dessus du lieu du rassemblement ont reçu des projectiles lancés par des manifestants. Des cris, des bruits de pétards et des mouvements de foule ont suivi.
Des casseurs s'en sont pris, notamment à coups de pieds, à des vitres d'immeubles, à des abribus et au mobilier urbain.Une camionnette siglée RTL a aussi été incendiée. L'équipe de reportage est "choquée mais pas blessée", a indiqué la station de radio à l'AFP.
Bobigny - Un camion RTL incendié. pic.twitter.com/boAcUX9Hsb
— Remy Buisine (@RemyBuisine) 11 février 2017Alors que les policiers tiraient des grenades de gaz lacrymogènes, les manifestants ont commencé à se disperser en début de soirée.
D'autres rassemblements ont eu lieu en France. À Rouen, quelque 200 personnes ont manifesté dans un climat tendu. Deux abribus ont été dégradés, plusieurs poubelles incendiées et une caserne de gendarmerie dégradée, selon la préfecture, évoquant "deux interpellations pour attroupement".
En revanche, c'est dans le calme que 250 personnes se sont réunies à Toulouse derrière une banderole "Nous ne sommes pas du gibier à flics. Nos quartiers ne sont pas des stands de tirs". Aucun incident à Nantes, où plus de 300 personnes ont défilé aux cris de "Tout le monde déteste la police". Tout comme à Caen (90 manifestants).
Dans la nuit de vendredi à samedi, huit personnes avaient été interpellées en Seine-Saint-Denis, où les tensions consécutives au viol présumé de Théo ont baissé d'un cran, selon des sources policières. Vingt-cinq personnes avaient été interpellées la nuit précédente.
L'un des quatre policiers ayant procédé à l'interpellation a été mis en examen pour viol, les trois autres pour violences.
Avec AFP