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La Russie forcée d'intervenir après un accrochage entre rebelles et loyalistes syriens

La coordination entre la Turquie et la Russie sur le front syrien bafouille une nouvelle fois : un accrochage a eu lieu, jeudi, entre l'armée syrienne libre, soutenue par Ankara, et des soldats du régime syrien, soutenu par Moscou.

Après la mort, jeudi 10 février, de trois soldats turcs lors d’un bombardement russe près d’Al-Bab dans le nord de la Syrie, un nouvel incident est venu illustrer, le même jour, les limites de la coordination internationale dans la région. La Russie a dû faire cesser des combats entre l'armée syrienne, qu’elle soutient, et les rebelles syriens, soutenus par la Turquie.

L'accrochage entre les forces gouvernementales syriennes et les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) a eu lieu dans un village situé au sud-ouest d'Al-Bab. L’identité du camp ayant ouvert le feu en premier n’est pas établie : un représentant des rebelles affirme que les chars des forces gouvernementales se sont déplacés dans leur direction. "Les rebelles ont tiré pour les prévenir de ne pas aller plus loin, mais le char a répondu et des heurts ont éclaté", explique-t-il. Un autre rebelle affirme au contraire que ce sont les soldats loyalistes qui ont tiré en premier.

Selon des sources au sein des deux camps, la Russie a dû intervenir, mais Moscou n'a pas fait de commentaires.

Vaste offensive rebelle sur Al-Bab

L’accroissement des tensions est dû au fait que l’armée syrienne, qui a repris Alep et peut donc porter son attention sur les villes voisines, cherche désormais aussi à reprendre le contrôle de cette ville contrôlée par le groupe État islamique (EI).

Pour la Turquie, la localité fait figure d’objectif stratégique de son opération "Bouclier de l'Euphrate", lancée en août et établissant de fait une zone tampon entre la frontière turque et l’EI.

Les commandants de l'armée turque ont donné leur feu vert à une vaste offensive des rebelles de l'ASL sur Al-Bab après avoir constaté la rapidité de l'avancée des forces de Damas. "Les commandants turcs ont pris avec nous la décision d'accélérer l'opération car le régime s'est trop approché de la ville", indiquait jeudi un commandant de l'ASL à l’AFP.

La hâte de l’ASL, associée aux forces turques, a fortement déplu à Damas. "Les responsables syriens sont furieux que les Russes aient laissé rentrer les Turcs dans Al-Bab, selon un diplomate occidental cité par Le Monde. Ils voient cela comme une violation inacceptable de leur souveraineté. Ils s’étaient entendus avec Moscou pour que ce soit leurs forces qui reprennent la ville."

Les assurances de coordination, fournies jeudi par le Kremlin et plus tôt dans la semaine par le Premier ministre turc, Binali Yildirim, montrent donc leurs limites. A l’image de l’explication fournie concernant la mort des trois soldats turcs. Moscou a ainsi assuré que les frappes aériennes avaient été lancées à partir de coordonnées fournies à la Russie par l'armée turque tandis que cette dernière a, au contraire, indiqué que les soldats turcs se trouvaient depuis dix jours dans le bâtiment visé et que leur position avait été communiquée plutôt deux fois qu’une aux Russes : à la base aérienne russe de Khmeimim, en Syrie, et à l'attaché militaire russe à Ankara.

Avec Reuters