La liste divers gauche de Daniel Duquenne a obtenu 52,38 % des voix contre 47,62 % à celle du Front national, au second tour de l'élection municipale partielle d'Hénin-Beaumont. Le FN va contester ce résultat devant le tribunal administratif.
Reuters - Le divers gauche Daniel Duquenne a réussi dimanche à barrer la route de la mairie d'Hénin-Beaumont au Front national, emmené par le "ticket" Steeve Briois et Marine Le Pen.
Sa liste a obtenu 52,38% des suffrages, contre 47,62% à celle du FN, qui était arrivée largement en tête au premier tour de cette élection municipale partielle.
Le "réflexe républicain" semble avoir bénéficié à Daniel Duquenne, qui était soutenu pour le second tour tant par l'ensemble de la gauche que par l'UMP.
La hausse de plus de deux points de la participation (62,38%) par rapport au premier tour semble témoigner d'une mobilisation contre l'extrême droite.
"Nous avons su redonner à Hénin-Beaumont les couleurs de la République", s'est félicité Daniel Duquenne à l'annonce des résultats. "Hénin Beaumont a choisi son camp, celui de la vérité, celui de la loyauté, celui de la réconciliation avec son histoire."
Daniel Duquenne a affirmé qu'il serait "le maire de tous les Héninois, y compris de ceux qui ont voté pour le FN".
La vice-présidente du FN a obtenu un score important - près de 20 points de plus qu'aux précédentes municipales de 2008 - mais n'en essuie pas moins un échec dans sa stratégie de relance d'un parti très affaibli depuis la présidentielle de 2007.
Marine Le Pen a néanmoins estimé que son score signifiait "le retour du FN" sur la scène politique.
"Ce que nous avons fait aujourd'hui à Hénin-Beaumont, nous pouvons le refaire ailleurs en France. Notre score est un démarrage du FN de demain", a-t-elle dit aux journalistes.
Recours dès lundi
Steeve Briois a jugé pour sa part que la bonne performance du FN constituait "une claque pour le front ripoux-blicain" allant, selon lui, du PS à l'UMP.
"C'est la victoire de la peur, du mensonge et du chantage de Daniel Duquenne", a-t-il dit.
Le responsable local du FN a annoncé qu'il déposerait dès lundi un recours devant le tribunal administratif contre le scrutin, accusant le futur maire d'avoir évoqué un "chantage aux subventions" durant sa campagne.
Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, s'est réjoui de la défaite du FN. "Les électeurs d'Hénin-Beaumont ont décidé et ils ont bien décidé", a-t-il dit sur BFM-TV.
Dans un communiqué, Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, a salué le vote des habitants qui, "malgré les grandes difficultés financières et sociales de leur ville, ont fait le choix de Daniel Duquenne pour porter l'espoir et l'avenir d'Hénin-Beaumont".
Une large partie de la classe politique française s'inquiétait de voir le FN, qui avait perdu ses villes de plus de 5.000 habitants comme Orange, Vitrolles ou Toulon depuis la fin des années 1990, retrouver un bastion dans le Nord.
Le FN misait pour sa part sur le contexte local, en particulier la mise en examen du maire socialiste sortant Gérard Dalongeville pour étournement de fonds, dont l'incarcération a provoqué cette élection partielle.
Il a mené une active campagne de terrain axée sur la lutte contre la corruption dans cette ancienne ville minière de 26.000 habitants frappée par le chômage (19%).
Il espérait également bénéficier des déchirements de la gauche locale et du fait que le candidat PS, Pierre Ferrari, faisait partie de l'équipe balayée par le "scandale".
Toutefois, Daniel Duquenne a déjoué ce scénario en devançant Pierre Ferrari au premier tour et en obtenant un ralliement sans conditions de ses concurrents de gauche pour le second.
Marine Le Pen espérait "une surprise qui serait exactement l'inverse des mathématiques".
Mais dans cet ancien fief socialiste, le FN ne pouvait compter que sur de faibles réserves de voix à droite, d'autant que l'UMP a appelé sans ambiguïté à voter pour Daniel Duquenne.