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Le président déchu Manuel Zelaya défie ses adversaires

Malgré l'interdiction d'atterrissage prononcée par les nouvelles autorités du pays, le président renversé, Manuel Zelaya, a décollé de Washington avec l'objectif de rentrer. Le Honduras a ordonné à l'avion de se diriger vers le Salvador.

AFP - Le président déchu Manuel Zelaya a bravé ses adversaires qui l'ont destitué voici une semaine en s'envolant de Washington pour le Honduras et en "ordonnant" à l'armée de lui ouvrir l'aéroport international de Tegucigalpa.

"Je suis le commandant général des Forces armées, élu par le peuple, et je demande à l'état-major des Forces armées d'obéir à l'ordre d'ouvrir l'aéroport afin de n'avoir aucun problème pour atterrir et embrasser mon peuple", a lancé M. Zelaya depuis l'avion qui le ramène au Honduras, dans une déclaration retransmise par la chaîne internationale Telesur, basée à Caracas.

Ses adversaires ont menacé M. Zelaya d'une "arrestation immédiate" à son arrivée.

Le nouveau gouvernement du Honduras, non reconnu par la communauté internationale, a interdit l'atterrissage de l'avion de M. Zelaya, mobilisant des militaires à l'aéroport.

L'avion a reçu l'ordre de se diriger vers le Salvador, a précisé la direction de l'Aviation civile à Tegucigalpa.

Pendant le voyage de M. Zelaya, les nouvelles autorités du Honduras ont, quasi-simultanément, dénoncé des mouvements de troupes au Nicaragua en direction de la frontière commune, et proposé un "dialogue de bonne foi" à l'Organisation des Etats américains (OEA), qui les avait exclues de ses rangs dans la nuit.

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, avait accusé les militaires de vouloir infiltrer des provocateurs dans leurs rangs, afin de "justifier un bain de sang".

"Nous avons été informés de mouvements de troupes du côté du Nicaragua en direction de la frontière", a déclaré le nouveau chef de l'Etat désigné, Roberto Micheletti lors d'une conférence de presse télévisée.

Les nouvelles autorités proposent à l'OEA "la mise en place d'un dialogue de bonne foi entre une délégation de la République du Honduras (...) et une délégation de représentants d'Etats membres et de fonctionnaires de moindre rang du secrétariat général", a indiqué leur vice-ministre des Affaires étrangères.

Cette proposition vaut pour autant que "pendant le déroulement du dialogue de bonne foi il ne survienne pas d'actes ou de situations qui puissent mettre en danger la paix sociale de la République", a-t-elle ajouté.

L'aéroport international de Tegucigalpa, vers lequel des milliers de partisans de M. Zelaya se dirigeaient à la mi-journée, est gardé par un important dispositif militaire.

"En tant que président je vais rejoindre mon peuple et demander en toute logique le calme, la non-violence, et faire en sorte que tout se passe dans une ambiance de fraternité", a déclaré M. Zelaya à la presse avant de quitter Washington.

De leur côté, les présidents de l'Equateur, de l'Argentine et du Paraguay Rafael Correa, Cristina Kirchner et Fernando Lugo devaient se rendre au Salvador, a indiqué M. Correa.

"Si M. Zelaya réussit à atterrir au Honduras et estime notre venue opportune, nous irons", a précisé M. Correa.

"S'il n'y parvient pas, nous l'attendrons à San Salvador, d'où il fera des déclarations au monde entier", a-t-il ajouté.

"M. Zelaya n'atterrira peut-être pas à l'aéroport international, peut-être à la base américaine à 80 km de la capitale", a avancé un diplomate étranger encore en poste à Tegucigalpa, contrairement à nombre d'ambassadeurs latino-américains et européens.

Poursuivi pour "haute trahison", M. Zelaya reste sous la menace d'une arrestation "dès qu'il posera le pied au Honduras", a répété samedi soir M. Micheletti.

Au pouvoir depuis 2006, M. Zelaya avait été renversé pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire sur la possibilité de briguer un second mandat, démarche déclarée illégale par la Cour suprême.

Les nouvelles autorités de Tegucigalpa ont également été condamnées par l'ONU et l'Union européenne, et le Venezuela a annoncé qu'il leur "coupait" ses envois de pétrole.
 

Tags: OEA, Honduras,