À trois jours du second tour de la primaire de la gauche, Manuel Valls l'outsider est resté combattif, jeudi, lors de son dernier meeting à Alfortville, pendant que Benoît Hamon s'affichait comme le rassembleur à Montreuil. Reportage.
"Dimanche, le choix est assez clair entre quelqu’un qui peut rassembler la gauche et quelqu’un qui la clive." À trois jours du second tour de la primaire de la gauche, Benoît Hamon s’est posé, jeudi 26 janvier, comme le seul à même de rassembler "toute la gauche", lors de son premier meeting de l’entre-deux-tours de la primaire de la gauche.
"La droite et l’extrême droite justifient que nous nous rassemblions", a-t-il argumenté en mode stand up, devant 3 500 personnes au Palais des congrès de Montreuil, en Seine-Saint-Denis.
"Bilal Hamon"
Dans la salle, Sandra 45 ans, est justement venue écouter Benoît Hamon parce que "faire barrage à la droite et au FN" est "sa priorité" pour la présidentielle de 2017, "l’élection de tous les dangers", selon elle. Benoît Hamon avait commencé son discours en s'amusant du "nouveau nom" dont l'a affublé l'extrême droite, "Bilal Hamon". "Bilal, Bilal", s'est mis à scander le public. "Je suis fier qu'ils m'appellent Bilal, et je serai fier qu'ils m'appellent Eli", a répondu le candidat.
Sandra, 45 ans, est venue en voisinede Bagnolet, "pour voir". Sa prio? "Faire barrage à la droite &au FN" #Hamon2017 pic.twitter.com/2gm78QjgGh
— alcyone wemaëre (@alcyonekenobi) 26 janvier 2017Se félicitant d’avoir sorti du débat de la primaire "la question identitaire", Benoît Hamon a déroulé tous les thèmes qui ont été au cœur de sa campagne : sa thèse de la raréfaction du travail et sa proposition de revenu universel "qui assurera une intégration sociale et professionnelle digne", mais aussi sa conception de la laïcité dans l’esprit de la loi de 1905.
Mais l’ancien ministre de la rue de Grenelle s’est également attardé sur le thème de l’éducation, trop absent selon lui du débat. Dénonçant une école française "parmi les plus inégalitaires d’Europe", il a dit vouloir poser en principe le nombre de 25 élèves par classe (et 20 en ZEP) en CP, CE1 et CE2.
Si l’absence d’Arnaud Montebourg, qui s’est rallié à Benoît Hamon dimanche dernier n’est pas passée inaperçue, certains de ses partisans étaient dans la salle… comme Mady, 69 ans, une ancienne militante socialiste, qui depuis qu’elle a vu le débat Hamon/Valls mercredi soir "se prend de nouveau à rêver" et à croire que "tout est possible" pour la suite.
Sans surprise pour Valls
Pendant ce temps, à Alfortville (Val-de-Marne), l’équipe de campagne de Manuel Valls n’a, semble-t-il, pas été particulièrement inspirée pour conclure une course à la primaire à laquelle son candidat fait figure d’outsider. Elle a finalement fait du très classique et du très attendu pour ce dernier meeting de l’ancien Premier ministre avant le deuxième tour de la primaire de la gauche, dimanche 29 janvier.
Devant environ 600 personnes réunies au Palais des sports d’Alfortville et en présence de l’ancienne candidate à la primaire Sylvia Pinel, Manuel Valls a déroulé les mêmes thématiques que tout au long de cette semaine d’entre-deux-tours : le candidat de "la social-démocratie", "le candidat de la vérité", "le seul candidat crédible", "le candidat du travail et de la feuille de paie", sans oublier le candidat de "la laïcité façon Elisabeth Badinter et Caroline Fourest".
"Hamon, c'est un quinquennat à 500 milliards"
"Faisons les comptes, c'est quoi la facture ? Les 350 milliards du revenu universel, le passage aux 32 heures, construire un nouveau porte-avions, gonfler la fonction publique. En tout, au bas mot, ce que propose Benoît Hamon, c'est un quinquennat à 500 milliards", a lancé Manuel Valls. "Personne ne pense un seul instant que cela soit crédible ! Personne ne pense un seul instant qu'on peut se faire élire sur un tel programme", a-t-il déclaré.
Il a également cité des déclarations de Vincent Peillon et Arnaud Montebourg contre les propositions défendues par son rival, en particulier le revenu universel, alors même que le premier n'a pas donné de consigne de vote et que le second s'est rallié à Benoît Hamon.
Même la désormais habituelle interruption en début de discours – après celles du meeting au Trianon la semaine dernière – par un opposant à la Loi travail fut respectée. L’homme n’a toutefois pas vraiment eu le temps d’interpeller le candidat sur son utilisation du 49-3, puisque le service d’ordre l’a aussitôt maîtrisé avant de l’expulser manu militari du gymnase.
Les spectateurs présents jeudi soir à Alfortville, eux, y croient toujours et sont loin d’être résignés. "Les sondages se sont trompés sur le Brexit, sur Hillary Clinton, sur François Fillon, donc ils ne sont pas vraiment pertinents", rappelle d’ailleurs Didier, 59 ans.
En cas de victoire de Hamon, Didier, 59 ans, écoutera attentivement ce qu'il aura à dire dimanche soir afin d'être convaincu. #MeetingValls pic.twitter.com/7ZJLBcU9Hl
— Romain Brunet (@romain2dc) 26 janvier 2017"Moi je resterai toujours fidèle à ce message de Pierre Mendès-France : les réalités et pas les illusions", a lancé en fin de meeting Manuel Valls.