
Les premières négociations entre Damas et les rebelles syriens se sont terminées lundi soir à Astana avec un léger optimisme. Elles avaient débuté avec le refus des insurgés de négocier directement avec les représentants de Bachar al-Assad.
La première journée de négociations entre rebelles syriens et émissaires de Bachar al-Assad à Astana s'est terminée lundi 23 janvier au soir sans avancée apparente, ont indiqué des représentants des deux délégations. Une source proche indique pourtant que les pays à l'origine de ces discussions syriennes jugent possible que les délégations travaillent mardi sur un texte commun.
"Il n'y a plus de rencontres pour aujourd'hui, mais les deux camps travaillent sur des questions concernant le renforcement du cessez-le-feu", instauré le 30 décembre, a notamment affirmé un porte-parole des rebelles, Yehya al-Aridi. La délégation rebelle s'est entretenue lundi avec les Turcs, leurs parrains, mais également avec les Russes, alliés du régime de Damas, et l'ONU. Ces rencontres ont été "longues et productives", a souligné Yehya al-Aridi, ajoutant avoir eu des discussions "en profondeur" sur les "problèmes politiques" en Syrie avec l'envoyé de Moscou.

Les rebelles avaient choisi à la dernière minute lundi de ne pas s'adresser directement aux représentants de Damas, même s'ils étaient tous assis autour d'une même grande table ronde, à l'hôtel Rixos d'Astana, lors de la cérémonie d'ouverture. Dans la journée, ils ont promis de reprendre le combat contre l'armée de Bachar al-Assad en cas d'échec de ces négociations.
Le régime syrien accusé de poursuivre les combats
Les rebelles, dont la délégation, à l'origine composée de huit membres, a été élargie à un total de 14 représentants auxquels s'ajoutent 21 conseillers, reprochent notamment aux forces gouvernementales de poursuivre les combats près de Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de la capitale syrienne.
Des combats s'y sont d’ailleurs déroulés dans la nuit de dimanche à lundi, ainsi que dans la région de Damas, où l'armée syrienne a repris le siège de Madaya, ville sous contrôle rebelle près de la frontière libanaise, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Neuf civils dont six enfants ont été tués, dimanche, dans des raids menés par l'aviation du régime contre la province rebelle de Homs, selon la même source.
Les discussions, parrainées par la Russie, l'Iran et la Turquie, doivent se concentrer sur le renforcement du cessez-le-feu, qui a mené à une réduction des violences malgré des violations régulières.
Ces pourparlers, prévus sur au moins deux jours, interviennent alors que le régime est en position de force, après sa victoire hautement symbolique à Alep, deuxième ville de Syrie.
Des discussions essentiellement militaires
Jusqu'à présent, les pourparlers entre Damas et ses opposants ont tous échoué à mettre fin au conflit en Syrie qui a fait plus de 310 000 morts depuis 2011. Lors des tentatives infructueuses de négociations à Genève en 2012, 2014 et 2016, des opposants syriens, souvent en exil, étaient assis en face des émissaires du régime. À Astana, ces opposants sont désormais cantonnés à un rôle de conseillers au service des rebelles, émanation de l'insurrection sur le terrain.
"Il s'agit davantage de [pérenniser] le cessez-le-feu. Il s'agit de mettre en place des mécanismes de surveillance et de responsabilité" en cas de violations, a expliqué à l'AFP un porte-parole des rebelles, Ossama Abou Zeid.
"Nous sommes ici pour réaliser les demandes du peuple syrien. Il ne s'agit pas d'un remplacement du processus de Genève. Si nous ne croyions pas en une solution politique, nous ne serions pas venus à Astana", a déclaré à l'AFP le rebelle Fares Bayouche, cadre de l'Armée d'Idleb.
Bachar Jaafari, qui mène la délégation du régime composée de dix émissaires, a pour sa part indiqué que les pourparlers devaient également servir à distancier les rebelles considérés comme "modérés" des jihadistes de l'organisation État islamique (EI) et du front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie), selon l'agence officielle syrienne Sana.
L'objectif pour le régime est aussi de faire avancer une solution politique "globale", après près de six ans de guerre. Bachar al-Assad a d'ailleurs appelé les rebelles à livrer leurs armes en échange d'une amnistie, à l'image des accords de "réconciliation", qui se traduisent par l'évacuation des combattants en échange de la fin des bombardements et des sièges des villes par les forces gouvernementales.
Les négociations d'Astana doivent poser les bases d'un règlement à même d'être approfondies lors de prochaines discussions de paix sous l'égide de l'ONU à Genève le 8 février.
Avec AFP