Une Irlandaise et une Ougandaise de l'ONG irlandaise Goal ont été enlevées au Darfour. Il s'agit du troisième cas d'enlèvement d'humanitaires étrangers dans la région depuis l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président El-Béchir.
AFP - Deux humanitaires oeuvrant pour une ONG irlandaise ont été kidnappées vendredi soir au Darfour, dans l'ouest du Soudan, où les enlèvements d'étrangers se multiplient depuis l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir, ont indiqué des sources concordantes.
"Des hommes armés non identifiés se sont présentés vendredi à la résidence de l'ONG Goal à Kutum, dans le Darfour-Nord. Ils ont emmené un gardien soudanais, une Irlandaise et une Ougandaise. Le gardien soudanais a été relâché plus tard", a déclaré une source requérant l'anonymat.
"Un citoyen irlandais a été enlevé dans la région", a confirmé vendredi à Dublin une porte-parole du ministère irlandais des Affaires étrangères. "Nous n'avons pas d'ambassade dans la région, mais nous avons un consul honoraire et il suit activement l'affaire", a-t-elle ajouté.
Contacté par l'AFP, un responsable de l'ONU - qui a lui aussi requis l'anonymat - a également confirmé l'enlèvement. "Les autorités (soudanaises) ont été prévenues", a ajouté cette source sans autre précision.
"Deux employés ont été enlevées à nos bureaux à 20H30 locales (19H30 GMT). Nous n'avons aucune information sur l'identité des ravisseurs et leurs motifs", a déclaré à l'AFP, Flora Hillis, directrice des opérations de l'ONG au Soudan, confirmant la nationalité des deux femmes.
Il n'a pas été possible vendredi soir de contacter les autorités soudanaises. Jusqu'à présent, aucun groupe n'a revendiqué l'enlèvement de deux humanitaires.
L'ONG irlandaise Goal est présente depuis février 2004 dans la région de Kutum, à quelque 200 kilomètres à l'est du Tchad, dans le Darfour-Nord. Goal distribue entre autres des semences et fournit des latrines, des puits et des équipements à des milliers de personnes déplacées par le conflit.
Le Darfour soudanais est le théâtre depuis 2003 d'une guerre civile complexe à l'origine de 300.000 morts selon l'ONU - 10.000 selon Khartoum - et de 2,7 millions de déplacés.
Les cas d'enlèvements d'humanitaires étrangers - non Soudanais - étaient rarissimes jusqu'à tout récemment. Mais depuis l'émission le 4 mars d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir, trois cas d'enlèvements d'humanitaires travaillant pour des ONG occidentales se sont produits.
Quatre membres de la section belge de l'ONG française Médecins sans frontières (MSF) - un Français, une Canadienne, un Italien, et un Soudanais - avaient été enlevés au Darfour-Nord à la mi-mars et avaient été relâchés quelques jours plus tard.
Une Française et une Canadienne, membres de l'ONG française Aide médicale internationale (AMI), avaient été ensuite enlevées le 4 avril à Ed el-Fursan, dans le Darfour-Sud, avant d'être libérées trois semaines plus tard.
Dans ces deux cas, des organisations françaises semblaient avoir été ciblées par les hommes armés dont l'identité précise et les motifs réels demeurent encore flous.
Le Soudan avait répondu au mandat d'arrêt de la CPI contre son président en expulsant 13 ONG internationales et en mettant fin aux activités de trois organisations locales, une décision critiquée par l'ONU.
Mais depuis quelques semaines, la tension semblait être redescendue. Le Soudan avait notamment accepté l'arrivée de quatre nouvelles ONG au Darfour, et la rhétorique anti-occidentale semblait diminuer.
Selon les rapports récents des Casques bleus de la mission ONU-Union africaine au Darfour (Minuad), la situation au Darfour est "relativement calme" mais demeure imprévisible. Un soldat de la Minuad a été la cible de tirs cette semaine par des hommes armés inconnus.