
Les fabricants de biscuits bretons se plaignent d’une pénurie de beurre, a-t-on appris lundi. Les industriels des produits laitiers bretons exportent de plus en plus, notamment vers la Chine, au détriment du marché français.
Les biscuiteries bretonnes ne parviennent pas à s’approvisionner en quantité suffisante de beurre breton, ingrédient de base dans la fabrication de leurs produits locaux, ont rapporté, lundi 16 janvier, les journalistes de France 3 Bretagne et Ouest-France. La faute à la spéculation internationale, mais aussi au réchauffement climatique.
"Il n'y en a pas beaucoup et surtout il est très cher. Alors que la poudre de lait, on en trouve partout et à pas cher", explique Yves Guillateau, patron de la biscuiterie Joubard, à Pontivy (Morbihan), au quotidien régional Ouest-France. Le prix du beurre a déjà augmenté de 60 % en 2016.
De la poudre de lait à destination de la Chine
D’après le fabriquant de biscuits, la production importante de lait en poudre à partir du lait breton tend le marché. "On en produit à Carhaix et à Isigny. Mais ce lait, on ne l'a pas inventé. Ça assèche quand même le marché". Les industriels des produits laitiers choisissent de fabriquer moins de beurre, parce qu'ils ne le jugent pas assez rentable, explique France 3.
À Carhaix, l’entreprise chinoise Synutra a construit une usine de lait en poudre, présentée comme la plus grande unité de ce type au monde. Entrée en fonctionnement en avril 2016, elle produit du lait pour nourrissons à destination de la Chine, avec un objectif de près de 120 000 tonnes de poudre de lait par an. C’est une coopérative laitière française, Sodiaal, qui lui fournit son lait.
Outre le lait en poudre, le beurre et la crème – ingrédient nécessaire à la fabrication du beurre – intéressent également le marché chinois. D’après La Tribune, les exportations de lait et de crème français ont enregistré une hausse record de 323 %, et l’exportation de beurre a augmenté de 46 % entre janvier et août 2016 vers la Chine.
Spéculation sur le beurre
Autre raison de la baisse de production du beurre breton : la spéculation. Le beurre industriel peut être congelé et stocké en attendant que les cours remontent.
Enfin les industriels des produits laitiers, comme Candia, et l'Association des producteurs de lait indépendants, évoquent d’autres facteurs comme la chaleur "anormale" du mois de septembre 2016. Les vaches ont produit moins de matière grasse à cause d’une "diminution des ressources fourragères de qualité".
Résultats, la France, consommatrice de beurre, devrait continuer à importer du beurre depuis la Nouvelle-Zélande comme elle le fait déjà depuis plusieurs années. Un paradoxe alors que les producteurs laitiers français se plaignaient il y a encore quelques mois de devoir vendre leur lait à perte.
Accusant le leader mondial des produits laitiers, Lactalis, de maintenir les prix trop bas, ils ont organisé de nombreuses manifestation cet été, jusqu'à l'obtention d'un accord signé fin août sur une hausse du prix de la tonne de lait.