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Visite historique de Shinzo Abe à Pearl Harbor

Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, s'est rendu à Pearl Harbor, à Hawaï, sept mois après la visite de Barack Obama à Hiroshima. Pour la chercheuse Marianne Peron-Doise, cette visite est historique à bien des égards.

Sept mois après la visite de Barack Obama à Hiroshima, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a effectué, mardi 27 décembre, une visite sur la base américaine de Pearl Harbor, à Hawaï. La veille, il s'est recueilli devant plusieurs lieux de mémoire, où il a notamment déposé une couronne de fleurs au National Memorial Cemetery of the Pacific, un cimetière militaire américain d'Honolulu, avant d'assister à un dîner au Hawaii Convention Center.

Shinzo Abe est le premier chef de gouvernement japonais en exercice à se rendre à Pearl Harbor. Le 7 décembre 1941, c’est le bombardement de cette base de la flotte américaine, qui fait entrer les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Quatre ans plus tard, en août 1945, Washington réplique en lâchant des bombes nucléaires sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki.

Pour Marianne Peron-Doise, chercheuse à Institut de recherche startégique de l'École militaire (Irsem), spécialiste du Japon, les deux pays ont une histoire complexe à surmonter, d’où l’"effet miroir" entre la visite de Barack Obama à Hiroshima et celle de Shinzo Abe à Pearl Harbor, indique-t-elle sur France 24.

La venue du Premier ministre japonais à Hawaï "s’inscrit dans 70 ans de relations très étroites mais aussi dans une actualité très incertaine pour les deux hommes". Barack Obama n’a, en effet, aucun moyen de savoir si son successeur à la Maison Blanche, Donald Trump, poursuivra sa politique asiatique. Pour Shinzo Abe, l’incertitude vient de l’attitude agressive de la Chine et de la Corée du Nord.

Un hommage mais pas d’excuses

Face aux États-Unis, tout comme vis-à-vis de la Chine et des autres pays d’Asie du Sud-Est, le Japon tente de se délivrer de sa "diplomatie des excuses". Shinzo Abe ne prononcera donc pas les siennes à Pearl Harbor. Une attitude qui n’a rien d’étonnant pour Marianne Peron-Doise : "C’est une commémoration. Le Premier ministre va prononcer un hommage aux victimes. Et, tout comme Obama n’a pas souhaité présenter d’excuses lorsqu’il s’est rendu à Hiroshima, Shinzo Abe ne présentera pas d’excuses".

Toujours selon la chercheuse, le Premier ministre japonais a à cœur de "normaliser la posture du Japon". Il désire faire entendre à la communauté internationale que le Japon doit pouvoir avoir une armée et un budget pour sa défense "parce que c’est une puissance moyenne et que le Japon prend conscience d’être dans un environnement stratégique assez incertain et quelque peu hostile".

Un environnement qui pourrait également être modifié par l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Déjà, le 2 décembre dernier, un coup de téléphone entre le président élu des États-Unis et la présidente de Taïwan avait gravement inquiété la Chine et forcé Barack Obama à réaffirmer son soutien à la politique de "la Chine unique".