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L'attentat sur le marché de Noël de Berlin constitue un nouveau coup dur pour Angela Merkel, régulièrement attaquée sur sa politique d'immigration généreuse. À neuf mois des législatives, elle est désormais attaquée jusque dans son propre camp.

À neuf mois des législatives, l’attentat terroriste sur le marché de Noel à Berlin, revendiqué par l'organisation État islamique, est un coup dur pour la chancelière allemande Angela Merkel. Sans attendre que la police ait pu faire la lumière sur l'auteur de l'attaque au camion-bélier, qui a fait lundi soir 12 morts en fonçant sur la foule des badauds, les critiques ont déjà commencé à fuser.

"Ce sont les morts de Merkel !", a dénoncé l'un des responsables du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), Marcus Pretzell, sur son compte Twitter. "L'Allemagne n'est plus sûre" face "au terrorisme de l'islamisme radical", lui a fait écho la figure de proue de l'AfD, Frauke Petry, en mettant en cause la décision de la chancelière d'ouvrir les portes du pays aux migrants et aux demandeurs d'asile à l'été 2015. La menace islamiste "a été importée de manière systématique et irresponsable au cours de l'année et demi écoulée", a-t-elle dénoncé.

Un mois après avoir annoncé son intention de briguer un quatrième mandat de chancelière, lors des législatives de septembre 2017, Angela Merkel est critiquée jusque dans son propre camp. "L'attentat est un cauchemar également pour Angela Merkel, qui voit ses chances de réélection en 2017 diminuer", juge l'hebdomadaire Der Spiegel sur son site Internet.

"Le principal risque pour elle est de savoir comment son propre parti va réagir" car sa politique généreuse menace d'être perçue comme responsable du "risque accru" dans le pays, estime Christian Moelling, analyste de l'institut German Marshall Fund. "Il est possible que l'aile dure des conservateurs allemands cherche à obtenir davantage de concessions de sa part sur les questions de sécurité et d'immigration", ajoute l'analyste.

Le carnage de Berlin a engendré des attaques des Bavarois de la CSU, alliés conservateurs de la chancelière, qui réclament depuis plus d'un an, sans résultat jusqu'ici, qu'un plafond annuel soit fixé sur le nombre de demandeurs d'asile autorisés à entrer en Allemagne. "Nous devons à présent nous interroger sur les risques que l'arrivée d'un grand nombre de réfugiés dans le pays suscite pour nous", a averti le ministre de l'Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann. L'opinion ne peut accepter "que l'on continue avec une situation où nous avons des risques accrus d'attentats provenant de personnes inspirées par l'islamisme radical", a-t-il encore dénoncé, alors qu'une grande partie des migrants arrivés sont musulmans.

Une opinion allemande inquiète de l'afflux de réfugiés

Le drame du marché de Noël de Berlin survient à un moment où la chancelière commençait à regagner une partie du terrain perdu depuis 16 mois dans une opinion inquiète de l'afflux de réfugiés, notamment après un été marqué par plusieurs attaques perpétrées par des demandeurs d’asile, notamment le 24 juillet à Ansbach en Bavière et le 18 juillet à Wurtzbourg.

Lors de l'annonce de sa candidature, Angela Merkel avait d'ailleurs sensiblement durci son discours sur l'immigration, afin de donner des gages à ses électeurs. Elle a notamment promis qu'une situation comme celle de l'automne 2015, où sont arrivés des centaines de milliers de demandeurs d'asile, ne se reproduirait plus.

Après avoir vu sa popularité chuter en début d'année et son parti, la CDU, être puni dans plusieurs scrutins électoraux par la montée de l'AfD, Angela Merkel bénéficiait depuis quelques semaines d'une embellie dans les sondages. Les dernières enquêtes d'opinion créditaient son parti d'intention de vote allant jusqu'à 37 % pour les prochaines élections législatives de 2017, après être descendues près des 30 %.

Avec AFP