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Le Premier ministre français Bernard Cazeneuve a longuement égratigné le programme de François Fillon, mardi, dans son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, tout en défendant le bilan du quinquennat de François Hollande.

La campagne officielle de la primaire de la gauche n’est pas encore entamée mais Bernard Cazeneuve a déjà lancé la riposte de sa famille politique contre le projet porté par François Fillon, le candidat des Républicains. Dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, mardi 13 décembre, le tout nouveau Premier ministre s’est en effet appliqué à attaquer les points les plus critiqués du candidat de la droite : alliance avec la Russie en matière de politique étrangère, réforme de la sécurité sociale, non-augmentation des forces de police et de gendarmerie.

Fait peu commun, c’est en parlant de politique étrangère que Bernard Cazeneuve a démarré son discours. "Au moment où je vous parle, une tragédie humanitaire épouvantable frappe Alep", a-t-il lancé aux députés, dénonçant d’"innombrables atrocités" commises par le régime syrien et son allié russe, pouvant constituer selon lui "des crimes contre l’humanité". "Je dénonce l'horreur de ces massacres et j'affirme que ceux qui les ont perpétrés auront à rendre compte, devant la communauté internationale, des crimes dont ils sont les auteurs", a-t-il ajouté. "Jamais nous n'accepterons, au nom d'un prétendu réalisme, de nous allier aujourd'hui avec les responsables du martyre d'Alep", a-t-il enfin asséné, visant implicitement François Fillon, dont le rapprochement avec la Russie sur le dossier syrien est un point essentiel de la politique étrangère qu’il souhaite mener.

Passé ce préambule, et toujours avec le programme du candidat de la droite en tête, Bernard Cazeneuve a tenu à démontrer que le court laps de temps – cinq mois – qu’il allait passer à Matignon ne serait pas inutile. Il a notamment promis qu’il créerait "les conditions de l’apaisement" et qu’il ferait en sorte que "chaque jour compte pour poursuivre le redressement de la France".

Et, à l'instar de la politique étrangère, son gouvernement s'échinera sur la scène intérieure à se démarquer du projet porté par François Fillon. "Quand certains, dans cet hémicycle, se situent dans une perspective de déremboursement des dépenses de santé, mon gouvernement, lui, agira inlassablement pour renforcer le droit de nos concitoyens à se faire soigner", a-t-il déclaré.

Ce sera en particulier le cas dans le domaine de la santé. Le Premier ministre a ainsi affirmé que de nouvelles mesures pour assurer l’accès aux soins dans les territoires et lutter contre les déserts médicaux seraient mises en place début 2017. Bernard Cazeneuve a aussi rappelé la généralisation, courant 2017, du tiers-payant et a assuré que les soins dentaires seraient mieux remboursés dès 2017.

"Réformer sans abîmer, moderniser sans détruire"

"On peut réformer sans abîmer et on peut moderniser sans détruire", a également averti le Premier ministre. "Proposer de supprimer des centaines de milliers de postes de fonctionnaires en quelques mois, c'est remettre tout simplement en cause la capacité de l'État à assumer ses missions les plus élémentaires", a-t-il souligné, alors que François Fillon entend supprimer 500 000 postes de fonctionnaires entre 2017 et 2022.

L’ancien ministre de l’Intérieur a notamment souligné qu’il n’était pas possible de lutter efficacement contre le terrorisme et d’œuvrer pour la sécurité des Français sans renforcer la police et la gendarmerie. Quand le candidat de la droite dit ne pas vouloir augmenter les effectifs des forces de l’ordre, Bernard Cazeneuve a, lui, rappelé que 9 000 postes avaient été créés depuis 2012.

La lutte contre le chômage, enfin, et la protection des Français les plus démunis, a été le dernier axe de ce discours de politique générale. Rappelant que "le nombre de demandeurs d'emplois inscrits chez Pôle emploi a baissé de 101 700 depuis le début de l'année, le Premier ministre a estimé que la politique menée depuis 2012 "commence à porter ses fruits".

"Cette évolution doit être amplifiée", a-t-il ajouté, répétant que le plan de 500 000 formations supplémentaires pour les chômeurs "serait prolongé pour au moins un semestre". "L'État, les régions, les partenaires sociaux, j'en suis convaincu, seront au rendez-vous de cette mobilisation", a-t-il expliqué.

Bernard Cazeneuve a rappelé le lancement de l'expérimentation "zéro chômeur de longue durée" dans 10 territoires début janvier et la généralisation à la même date de la "garantie jeunes", parcours d'accompagnement vers la formation et l'emploi assorti d'une allocation de 460 euros.

Il a également cité le compte de prévention de la pénibilité, dont ont bénéficié "un demi-million de salariés" en 2016, et le compte personnel d'activité, qu'il a qualifié de "chantier immense" pour "une nouvelle protection adaptée à notre temps".