Trois nouveaux squelettes de vampires ont été déterrés en Pologne. C'est quoi encore cette histoire ?
Rebelote. Nous voilà avec une nouvelle tombe de vampire sur les bras. Ou plutôt trois.
Des archéologues polonais viennent de mettre la main sur trois squelettes de "vampires" dans le cimetière médiéval du village de Górzyca, dans l’est de la Pologne. Des trous dans la colonne vertébrale, des genoux cassés et des têtes coupées : les corps des trois individus, morts entre le XIIIe et le XIVe siècle, n’ont pas été ménagés.
Désignées comme des "tombes de vampires" par les archéologues, ce genre de découvertes n’est pourtant pas une première. En Pologne, en Italie, en Grèce ou encore en Bulgarie des "tombes de vampires" sont régulièrement exhumées de terre – quelques centaines ont été découvertes depuis les années 1950 – et exposées à la lumière des unes de journaux.
Mais c’est quoi au juste cette histoire ? Pourquoi, sous prétexte d’avoir deux-trois trous dans les os ici et là, ces squelettes mutilés seraient ceux de potentiels vampires avides de sang frais ?
Avant d’en venir aux faits, une précision de taille s’impose : les mutilations qu’ont subi ces "vampires" ont été réalisées après leur mort. Et c’est d’ailleurs précisément les raisons de leur mort, qui ont fait d’eux des vampires. Explications.
Empêcher les morts de venir hanter les vivants
Comme les trois squelettes découverts en Pologne, celui mis à jour par l’archéologue Nikolai Ovtcharov en Bulgarie en 2014 avait aussi subi deux ou trois détériorations une fois son propriétaire décédé. Un énorme pieu en métal avait été planté dans la poitrine de celui-ci et un de ses os de genoux déplacé.
Même sort pour les cadavres découverts en 2014 en Pologne par Lesley Gregoricka et son équipe : une faucille placée sous la gorge du défunt et une immense brique positionnée dans la bouche.
Alors, pourquoi mutiler les morts ?
Pour les empêcher de revenir hanter les vivants. Une faucille pour les décapiter instantanément en cas de résurrection, des genoux brisés pour les empêcher de marcher, des pieux enfoncés pour ruiner leur chance de nouveau respirer ou une brique dans la bouche pour leur éviter de mordre. Des précautions qui, dans le folklore populaire polonais, devaient prévenir toute attaque de vampires en cas de résurrection, expliquait Titus Hjelm, historien spécialisé dans la culture populaire en Europe de l’est, à CNN.
Pour lui, les vampires polonais sont loin de l’image de l’aristocrate immortel isolé dans son château dont l’image a été façonnée à la fin du XIXe siècle, notamment par la figure de Dracula.
"Les Polonais pensaient que c’était des gens normaux qui vivaient normalement, pas des aristocrates reclus dans des châteaux situés en hauteur. Avec ces personnes, les problèmes ne commençaient que quand ils mourraient", poursuit-il.
Si les "vampires" n’avaient rien fait de mal de leur vivant, alors pourquoi le sort s’acharnait-t-il sur eux une fois morts ?
On ne naît pas vampire, on le devient
Dans les croyances populaires de l’Europe de l’est, c’est donc la mort qui détermine le statut de vampire. Ou plus précisément les raisons de la mort : étaient considérés vampires ceux décédés de façon violente ou inexpliquée, ou encore ceux qui n’étaient pas baptisés, expliquait l’archéologue Lesley Gregoricka, de l’université de l’Alabama, dans une étude publiée sur le journal scientifique Plos One.
L'équipe de cette archéologue avait découvert en 2014 une dizaine de squelettes mutilés dans le cimetière de Drawsko, en Pologne, datant d'entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Pensant d’abord qu’il s’agissait d’immigrants – perçus comme des inconnus par la communauté, donc potentiellement dangereux une fois morts – les archéologues ont enquêté et trouvé une toute autre raison au décès des vampires de Drawsko. Ils seraient en réalité morts à la suite d’une épidémie de choléra, qui a traversé la région au XVIIe siècle.
"Ces maladies étaient des choses dont les gens avaient peur - particulièrement le choléra, qui pouvait vous tuer en quelques jours ou heures. Les personnes ne savaient pas que cela se transmettait par une bactérie présente dans l'eau potable contaminée. Et parce qu'ils ne pouvaient pas l'expliquer, ils ont associé le choléra au surnaturel, particulièrement aux vampires", confiait Lesley Gregoricka à IB Times.
Étranger, non baptisé, victime d'épidémie, suicidé ou même un peu trop bossu – un squelette d’une vieille dame souffrant de graves problèmes de dos avait été découvert une brique dans la bouche en Italie – avaient donc de fortes chances de se retrouver "vampires" une fois morts.
Voilà, maintenant la prochaine fois qu’on découvrira une "tombe de vampire", on ne sera pas surpris.
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