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RD Congo : l'Europe gèle les avoirs de plusieurs hauts responsables congolais

L'Union européenne a sanctionné, lundi, plusieurs responsables de République démocratique du Congo accusés de violences. Bruxelles entend ainsi mettre la pression sur le gouvernement congolais et relancer le processus électoral.

L'Union européenne (UE) a mis ses menaces à exécution. Lundi 12 décembre Bruxelles a décidé d'infliger des sanctions individuelles à sept hauts responsables de l'appareil sécuritaire de la République démocratique du Congo (RD Congo) accusés de violences, et menacé d'étendre encore cette liste "en cas d'obstruction" du processus électoral.

Sept personnalités "qui occupent des positions de responsabilité dans la chaîne de commandement des forces de sécurité congolaises" voient leurs avoirs gelés et ont interdiction de pénétrer sur le territoire de l’Union européenne, a fait savoir Bruxelles dans un communiqué. Tous les sept sont accusés d’avoir fait "un usage disproportionné de la force" contre des opposants au régime lors de manifestations les 19 et 20 septembre derniers.

Sont visés "quatre membres de la garde républicaine, de l'armée ou de la police congolaise", auxquels sont imputées "de graves violations des droits de l'Homme" – Ilunga Kampete, Gabriel Amisi Kumba, Ferdinand Ilunga Luyoyo et Celestin Kanyama. "Trois hauts responsables et personnes d'influence faisant obstacle" à la tenue d'élections "notamment par des actes de violence, de répression" sont aussi ciblés par ces sanctions : John Numbi, Roger Kibelisa et Delphin Kaimibi.

De son côté, le gouvernement américain a aussi annoncé des sanctions financières contre le ministre de l'Intérieur Evariste Boshab et le chef de l'Agence nationale de renseignement (ANR), Kalev Mutondo, les accusant de museler l'opposition et de retarder les progrès politiques dans le pays.

Le gouvernement dénonce des sanctions "illégales"

Les sanctions de l’UE "sont illégales car elles procèdent d'une sorte de droit impérial qui est aux antipodes du droit international", a fait savoir le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende, dans un SMS à l’AFP. "La RDC, pays non européen, les condamne et entend les attaquer devant qui de droit", a-t-il ajouté.

"C'est du chantage", a pour sa part déclaré à l’AFP un conseiller du ministre des Affaires étrangères congolais sous le couvert de l'anonymat. Le choix des Européens de viser des "responsables militaires et de sécurité dévoile [des] intentions cachées sur la déstabilisation du pays", a-t-il affirmé.

Joseph Kabila accroché au pouvoir

Ces sanctions interviennent au moment où des négociations de la dernière chance sont menées, sous l'égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), pour trouver un accord sur une transition politique jusqu'à l'élection du prochain président.

L'UE, qui réclame l’organisation d’une élection le plus tôt possible en 2017, a fait savoir qu’elle "suivra avec une attention accrue l'évolution politique cruciale que connaîtra la République démocratique du Congo dans les prochaines semaines. Dans ce contexte, des mesures restrictives supplémentaires pourront être envisagées en cas d'obstruction du processus politique ou de nouvelles violences".

Avec AFP