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Le dernier volet du rapport McLaren sur le dopage dans le sport russe révèle qu'au moins 1 000 athlètes dans plus de 30 sports sont impliqués. Le document fait état de "fortes preuves d'un dopage institutionnalisé entre 2011 et 2015".

Le dernier volet du rapport McLaren sur le dopage dans le sport russe a été dévoilé vendredi 9 décembre. Un document explosif, qui affirme qu'il existe notamment "de fortes preuves d'un dopage institutionnalisé entre 2011 et 2015", concernant plus de 1 000 sportifs russes et plus de 30 sports. Une accusation qui provient d'éléments relevés lors des investigations menées sous l'égide du juriste canadien Richard McLaren, responsable du document éponyme.

"Il est impossible de savoir jusqu'où et depuis quand remonte cette conspiration". Mais McLaren et son équipe ont malgré tout dévoilé, vendredi, un tableau riche et complet de ce que la Russie a fait pour duper le monde du sport, au moins depuis le début de la décennie.

Professor McLaren explains immutable facts and evidence in his report that confirm the conspiracy and cover up techniques #McLarenReport pic.twitter.com/gTXuaMFb5X

— WADA (@wada_ama) 9 décembre 2016

"Une conspiration institutionnelle a été mise en place pour les sports d'hiver et d'été avec la participation du ministère des Sports et de ses services comme l'agence russe antidopage (Rusada) (...) le laboratoire antidopage de Moscou, aux côtés du FSB (services secrets), afin de manipuler les contrôles antidopage", a expliqué Richard McLaren en conférence de presse, à Londres, pour la présentation finale de son rapport.

Sans surprise, les autorités russes ont rapidement démenti les allégations contenues dans le rapport, via un communiqué : "Le ministère des Sports de Russie dément tout programme de soutien du gouvernement pour le dopage et continuera à lutter contre le dopage en appliquant une tolérance zéro".

Rodtchenkov, détonateur début mai

La Russie et le dopage, c'est le polar de l'année 2016 dans le monde du sport. Le premier volet du rapport, divulgué en juillet, avait mis au jour une tricherie spécifique pour les JO-2014 d'hiver, organisés à Sotchi en Russie.

Il faisait suite aux propos de l'ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou Grigori Rodtchenkov, réfugié aux États-Unis et qui avait fait état de ces pratiques de grande ampleur dans les colonnes du New York Times en mai. Rodtchenkov avait alors été qualifié de "transfuge" par les autorités russes, en référence à un terme largement utilisé lors de la guerre froide avec les États-Unis. Les révélations qu'il avait faites à l'époque avaient tout d'un scénario de film hollywoodien : des échanges d'échantillons urinaires par une petite trappe dissimulée dans le laboratoire et des cocktails anabolisants concoctés en secret. 

Le point de départ d'une affaire qui avait abouti à la suspension de plus d'une centaine de sportifs russes pour les Jeux olympiques de Rio l'été dernier.

Le rapport final enfonce le clou, puisqu'il étend la fraude à l'ensemble des grandes compétitions qui ont eu lieu durant la période 2011-2015, mettant au jour une "manipulation systématique d'échantillons et d'ADN" aux JO 2012 et 2014, par exemple.

"Cette manipulation systématique et centralisée des contrôles antidopage a évolué et a été affinée au fur et à mesure de son utilisation, aux Jeux olympiques de Londres en 2012, aux Universiades de 2013, aux championnats du monde d'athlétisme 2013 à Moscou, et aux Jeux d'hiver à Sotchi en 2014", a détaillé Richard McLaren. La Russie dopée a donc su changer de visage au cours des ans en s'adaptant à la situation. "L'évolution de l'infrastructure visait à répondre aux changements de règlement de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et de ses interventions inopinées", a souligné le juriste.

Aucun individu ciblé pour l'heure

"Du sel et du Nescafé ont ainsi été ajoutés dans les échantillons urinaires" pour fausser les résultats, a ainsi dévoilé McLaren. Il s'agissait ainsi de donner une bonne apparence aux échantillons manipulés. Tout était bon pour que la stratégie d'État dans le sport soit efficace, notamment lors des JO d'hiver de Sotchi en 2014.

"Cela visait à assurer à la Russie, le pays hôte, qu'elle pourrait décrocher le plus de médailles possible en permettant à ses meilleurs sportifs prétendant à une médaille de se doper et, parfois, dans certains cas, y compris pendant les Jeux", a résumé M. McLaren.

"Plus de 1 000 athlètes russes participant à des disciplines d'été, d'hiver ou paralympiques ont été impliqués ou ont bénéficié de ces manipulations pour contourner les contrôles positifs", a-t-il développé. Les identités n'ont pas été dévoilées : "Les infos que nous avons sont confidentielles", a expliqué le juriste. McLaren a précisé que les identités de 695 sportifs, dont 19 non russes, avaient été transmises aux fédérations internationales concernées. "C'est aux fédérations internationales de décider de ce qu'elles veulent faire de ces informations. Qu'elles décident de poursuivre pour des infractions aux règles antidopage ou non, c'est à elles d'en décider", a-t-il souligné.

Le rapport McLaren décrit un système de dopage d'État dans 30 sports. En parallèle, l'athlétisme russe est au centre d'un vaste scandale de dopage et de corruption, mis au jour par l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Avec AFP