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Thaïlande : le processus de proclamation du nouveau souverain s'accélère

Un mois et demi après la mort du roi Bhumibol, la procédure de proclamation du nouveau souverain de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, fils du défunt monarque, s'accélère. Mais la personnalité du prince héritier reste source d'inquiétudes.

C’est la fin de plusieurs semaines de flottement. Mardi 29 novembre, le nom du nouveau roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, fils du roi défunt, a été soumis au Parlement. "La procédure de proclamation du nouveau roi a abouti", a annoncé le vice-Premier ministre Prawit Wongsuwon à l'issue d'un conseil des ministres très attendu, un mois et demi après la mort du précédent roi.

Depuis la mi-novembre où il avait effectué une courte visite en Thaïlande, le prince Maha Vajiralongkorn, qui réside la plupart du temps en Allemagne, reste cependant invisible. Les analystes évoquent, sous couvert de l'anonymat, la nervosité du palais et du gouvernement militaire face à son "imprévisibilité", qui se confirme avec le fait qu'il n'est toujours pas rentré d’Europe.

Le protocole veut que le gouvernement militaire soumette, malgré son absence, son nom au Parlement. Le président de l'Assemblée doit ensuite formellement inviter le prince à devenir roi, avant de le proclamer souverain.

"Le président de l'Assemblée nationale pourrait se voir accorder une audience royale" mercredi ou jeudi, a ajouté le général Prawit, également ministre de la Défense au sein de ce gouvernement militaire en place depuis un coup d'État réalisé en 2014 au nom de la protection de la monarchie. Une source militaire évoque la date de jeudi 1er décembre pour cette audience royale.

Vie privée tumultueuse

Le prince héritier, militaire de formation de 64 ans, se trouve en Allemagne, selon une source militaire. Depuis des semaines, la date de sa montée sur le trône fait l'objet de toutes les spéculations.

Alors que les doutes sur la personnalité du prince héritier s'expriment à mots couverts, une journée d'allégeance à la monarchie, dite du "pouvoir de la loyauté", a été organisée la semaine dernière à travers tout le royaume, réunissant des dizaines de milliers de fonctionnaires, employés de banques, écoliers, et même stars de la téléréalité. "Nous resterons loyaux envers tous les rois de la dynastie des Chakri jusqu'à notre mort", avait déclaré le chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha, lors d'une grande cérémonie télévisée.

Objet d'un intense culte de la personnalité depuis des décennies, son père, le roi Bhumibol Adulyadej, était largement considéré comme le ciment d'une nation très divisée. Et son fils, dont les Thaïlandais commentent sous le manteau la vie privée tumultueuse, est loin d'avoir atteint sa popularité.

Jusqu'ici, la régence a été assurée par le plus influent des conseillers royaux, Prem Tinsulanonda, âgé de 96 ans, chef de file de la vieille garde conservatrice, qui devrait rester puissante si le prince décidait de régner à distance, depuis l'Allemagne.

La vieille garde a pour bête noire l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra et sa sœur Yingluck, dont le gouvernement a été renversé en 2014, au milieu des rumeurs de possibles liens entre Thaksin et le prince.

La cérémonie de couronnement pourrait n'intervenir que dans un an, après la crémation du corps de son père, Bhumibol Adulyadej, décédé le 13 octobre à 88 ans.

Avec AFP