
Les Etats-Unis et de nombreux pays d'Amérique du Sud, ont apporté leur soutien au président déchu Manuel Zelaya, qui devrait s'exprimer devant l'Assemblée générale des Nations unies mardi.
AFP - Le président déchu du Honduras Manuel Zelaya a obtenu lundi un net soutien des Etats-Unis et de toute l'Amérique latine, sans faire fléchir son remplaçant désigné Roberto Micheletti qui a commencé à former un gouvernement de transition.
Le président américain Barack Obama, qui s'était d'abord seulement dit "profondément préoccupé", a affirmé que l'éviction de M. Zelaya n'était "pas légale", dénonçant "un précédent grave".
"Le président Zelaya a été démocratiquement élu. Il n'a pas fini son mandat", a-t-il lancé. Les Etats-Unis possèdent toujours des installations militaires dans ce pays, utilisé comme base anti-guerilla en Amérique centrale dans les années 80.
Les dirigeants de la gauche radicale latino-américaine, rejoints dans la soirée lors d'un sommet spécial au Nicaragua par le président cubain Raul Castro, ont apporté un soutien encore plus marqué à leur allié Zelaya, venu leur rendre visite dans ce pays voisin du Honduras.
"Face au gouvernement dictatorial qui prétend s'imposer, les pays de l'Alba ont décidé de retirer leurs ambassadeurs et de réduire à sa plus simple expression leur représentation diplomatique à Tegucigalpa", précise l'Alliance bolivarienne pour les Amériques dans une motion adoptée à Managua.
Fondée par le Venezuela et Cuba, l'Alba réunit leurs principaux alliés de la gauche anti-libérale en Amérique latine comme le Nicaragua, l'Equateur et la Bolivie. Le bloc avait été rejoint par M. Zelaya, après son élection fin 2005.
Après Managua, le président évincé se rendra à New York pour défendre sa cause mardi devant l'Assemblée générale des Nations unies, à l'invitation du président de l'Assemblée, Miguel d'Escoto, a indiqué un porte-parole onusien.
"C'est le premier (coup d'Etat) dans la région depuis la fin de la guerre froide", a déploré M. d'Escoto, lors d'une réunion extraordinaire de l'Onu consacrée à la crise politique qui frappe ce pays pauvre de 7,5 millions d'habitants.
A Tegucigalpa, M. Micheletti a nommé les premiers membres de son gouvernement provisoire, chargé de la transition jusqu'à la prise de fonctions du nouveau président élu fin janvier.
Enrique Ortez Colindres, ancien ambassadeur du Honduras à l'Onu et en France, a été nommé aux Affaires étrangères, en remplacement de Patricia Rodas, qui a trouvé refuge au Mexique.
L'accès au palais présidentiel s'annonce plus compliqué pour M. Micheletti, car des dizaines de jeunes armés de bâtons et le visage couvert ont formé des barricades devant le bâtiment protégé par des dizaines de policiers anti-émeutes et des camions militaires.
"Nous attendons Mel (surnom de Zelaya), le seul et unique président", a déclaré José, l'un des manifestants, une barre de fer à la main. "Nous resterons ici jusqu'à ce qu'il revienne au Palais présidentiel et que la Constitution soit respectée."
Le reste de la capitale hondurienne a repris une activité normale lundi, après le couvre-feu de 48 heures décrété par M. Micheletti.
L'électricité et les moyens de communications, coupés le jour du putsch, ont été rétablis dans la capitale, où se sont produites quelques ruées vers les centres commerciaux.
Les télévisions et radios publiques, favorables au gouvernement déchu, étaient elles toujours réduites au silence, tout comme la chaîne américaine CNN, depuis qu'elle a mis en doute la version officielle sur le retrait volontaire du président élu.