Depuis Marrakech où il se trouve pour la COP22, François Hollande a répondu aux questions de France 24, RFI et TV5MONDE. Il s’est longuement exprimé sur l’élection de Donald Trump et ses positions au sujet du climat et des accords internationaux.
À quelques mois de la fin de son mandat, et une semaine après l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, François Hollande a répondu en exclusivité, mardi 15 novembre, aux questions de Roselyne Febvre (France 24), Patrick Simonin (TV5MONDE) et Christophe Boisbouvier (RFI).
Élection de Donald Trump
"Il a été élu, c’est un fait, une volonté du peuple américain et nous respectons son choix", a déclaré le président français tout en reconnaissant que durant sa campagne, "il a eu des positions qui ont beaucoup troublé."
Il est revenu sur l'appel passé au nouveau président des États-Unis, évoquant un coup de fil visant à "apaiser ce qui ce qui devait l’être". Il a rappelé que la France possède une "amitié de longue date avec les États-Unis" et que le pays souhaite une "coopération avec l'Amérique" sur "la base de nos valeurs communes".
François Hollande a assuré que la lutte contre le terrorisme était une priorité partagée avec Donald Trump. En revanche, leurs positions divergent au sujet du climat. Il faut dire que le nouveau président américain ne cache pas son climato-sceptisme.
Mais le chef de l'État français l'assure : "Cet accord est irréversible, c’est ce que j’ai voulu signifier clairement à Marrakech". Et d'ajouter : "Il est irréversible sur le plan juridique. Il a été ratifié par les États-Unis." Et si ce pays était amené à ne pas respecter ses engagements, "ce serait très mauvais pour la planète et les États-Unis". "Le mouvement est lancé et il ne l’arrêtera pas", a lancé François Hollande.
Otan
Au sujet d'un éventuel retrait des États-Unis de l'Otan, François Hollande n'est pas inquiet. "Les États-Unis resteront dans cette alliance. Je n’ai pas de doute. C’est une sécurité qui nous est commune", a-t-il affirmé. Pourtant, Donald Trump avait qualifié l'alliance d'"obsolète" et l'avait fortement critiquée car "elle côute une fortune aux États-Unis".
Rapprochement entre les États-Unis et la Russie
"Que Donald Trump veuille parler à Poutine ? Il a raison", a déclaré le président français au sujet du rapprochement voulu entre Moscou et Washington. "Il n’y a pas de changement profond : Barack Obama lui parlait aussi, moi-même je parle avec lui. Nous devons lui parler. (...) Il faut savoir quels sont nos intérêts : des solutions pour sortir du conflit en Syrie, que les accords de Minsk puissent être appliqués, la lutte contre le terrorisme… Il doit être un partenaire là ou des solutions doivent être définies en commun."
Europe de la défense
"La France, avec le Royaume-Uni, est le pays d’Europe qui consacre le plus à sa défense. Durant mon mandat, j’ai augmenté les crédits pour la défense", a rappelé le président français. "Je ne peux pas engager des opérations extérieures (Mali, Syrie, Centrafrique…) sans donner à l’armée les moyens supplémentaires", a-t-il ajouté.
"L’Europe ne fait pas suffisamment", a-t-il cependant regretté. Selon François Holalnde, il faut qu'elle "puisse assurer l’essentiel de sa sécurité : frontières, terrorisme, menaces extérieures, etc." "Il ne peut pas y avoir un continent qui puisse protéger ses citoyens s’il ne peut pas assurer sa propre défense", a-t-il encore dit.
Conflit en Syrie
"Il faut trouver une solution politique en Syrie", a encore affirmé le président français. Et d'ajouter : "Si les Russes pensent que c’est avec le maintien pour toujours de Bachar al-Assad qu’ils trouveront la solution, ils se trompent. L’enjeu est de lutter contre le terrorisme islamiste que le régime utilise aussi."
Accord sur le nucléaire iranien
"Les États-Unis pourraient-ils remettre en cause cet accord ? Je ne le crois pas", a estimé François Hollande au sujet de l'accord sur le nucléaire iranien. "L’absence d’accord laisserait penser que l’Iran pourrait continuer ses recherches. C’est notre sécurité qui est en cause."
Jihadisme
"Il y a 600 Français qui sont sur les terrains de Syrie et d’Irak", a assuré François Hollande. "Il y a environ 220 djihadistes français qui sont morts et il y a ceux qui peuvent revenir en France. À chaque fois qu’ils reviennent, ils sont arrêtés. Grâce à la coopération, nous arrivons à appréhender ceux qui reviennent." Le président a donné l’exemple de jeunes femmes qui sont récemment revenues de Syrie, qui ont été arrêtées et "soumises aux procédures judiciaires".
État d'ugence en France
Face à la menace terroriste qui pèse sur la France, François Hollande maintient l’État d’urgence car "nous sommes en guerre". Il veut même le maintenir "jusqu’à l’élection présidentielle" qui aura lieu en mai 2017.
Emmanuelle Macron et la gauche française
Emmanuel Macron, l'ancien ministre français de l'Économie, devrait annoncer sa candidature mercredi 16 novembre. Une nouvelle que François Hollande n'a pas souhaité commenter. Il s'est contenté de dire que, selon lui, "l’enjeu, c’est le rassemblement, la cohésion. Si (la gauche) n’est pas rassemblée, elle ne pourra pas être au rendez-vous", a-t-il assuré tout en soulignant qu'il s'exprimait en "tant que Président de la République". Et d'ajouter : "Si la France se divise, se fragmente, se désunit… alors elle déclinera."
Marine Le Pen et l'extrême droite
"J’ai cru comprendre qu’elle avait souhaité" la "victoire" de Donald Trump, a indiqué François Hollande.
"Il y a une tentation protectionniste et isolationniste. Cette tentation existe dans tous les pays, elle existe en France, je le sais. L’extrême droite voudrait que les Français se replient sur eux-mêmes, se ferment à l’extérieur. (...) Je refuse cette solution du protectionnisme."
Situation en République démocratique du Congo
Sur la coupure du signal de RFI et de Radio Okapi à Kinshasa, François Hollande a estimé que "chaque fois que la liberté de l'information est mise en cause, c'est pour la France un sujet d'alerte". Sur un troisième mandat de Joseph Kabila, le président français a affirmé : "Il y a une Constitution, elle doit être respectée."
Assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali
"Toutes les informations dont nous pouvons disposer, nous les livrons à la justice", a dit François Hollande, ajoutant : "Chaque fois que nos ressortissants sont attaqués, nous cherchons les coupables et nous faisons en sorte de les neutraliser."
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