La Cour suprême israélienne a rejeté lundi 14 novembre la demande du gouvernement de repousser la date butoir pour la démolition d'Amona, une colonie emblématique de Cisjordanie où vivent une quarantaine de familles israéliennes.
Amona, colonie sauvage située à quelques kilomètres de Ramallah, en Cisjordanie, devra être détruite au plus tard le 25 décembre. C'est ce qu'a décidé la Cour suprême israélienne dans un arrêt rendu lundi 14 novembre, statuant sur une demande du gouvernement qui souhaitait repousser la date de sa démolition.
Avec une quarantaine de familles, Amona est l'une des plus importantes colonies sauvages de Cisjordanie, une implantation illégale non seulement aux yeux de la communauté internationale qui considère toute la colonisation comme telle, mais aussi au regard des lois qu'Israël applique sur la majorité de la Cisjordanie.
"L'évacuation doit avoir lieu avant le 25 décembre. Le tribunal rejette le report demandé par l'État", indique l’arrêt de la Cour. Ses trois juges ont justifié leur décision par le fait que "l'évacuation n'était pas une recommandation ou une option, mais un élément essentiel du système judiciaire auquel doivent obéir les autorités de l'État".
Promesse non tenue
Le sort de cette colonie est bien connu de la communauté internationale qui suit l'affaire avec attention, et s'inquiète d'une tendance grandissante à la légalisation rétroactive par Israël des colonies sauvages. Dans le passé, les dirigeants israéliens s'étaient engagés auprès des États-Unis à les démanteler. Mais cette promesse est restée lettre morte. Ces tensions réveillent le souvenir de 2006, lorsque la démolition par Israël de neuf maisons à Amona avait dégénéré en affrontements violents entre colons et forces israéliennes.
Les autorités israéliennes pourraient se tirer d'affaire en démolissant Amona tout en relocalisant la colonie juste à côté. Elles ont pris des dispositions en ce sens en préparant la saisie de terres toutes proches.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a réagi au verdict de la Cour en affirmant "comprendre le désarroi des habitants d'Amona". "Nous agissons par différents moyens afin de leur trouver une solution", a-t-il ajouté au cours d'une réunion avec les députés du Likoud.
Une mise à l'épreuve de la cohésion du gouvernement
Le cas d'Amona agite la classe politique israélienne depuis longtemps. Il est au centre est d'une farouche bataille et met à l'épreuve la cohésion du gouvernement dont une partie a fait sédition avec le Premier ministre pour maintenir cette colonie sauvage qui existe depuis une vingtaine d'années.
Un projet de loi controversé, prévoyant une légalisation de colonies sauvages construites sur des terres privées palestiniennes en Cisjordanie occupée, a été adopté dimanche 13 novembre à l'unanimité. Il prévoit que le gouvernement peut ordonner la confiscation de terrains appartenant à des propriétaires privés palestiniens en échange du versement d'indemnisations. À court terme, son but est notamment le maintien en place de la colonie sauvage d'Amona.
Naftali Bennett, chef du Foyer juif, un parti nationaliste religieux partisan de la colonisation qui refuse toute évacuation, était en pointe pour défendre ce projet de loi et compte sur le soutien du nouveau locataire de la Maison Blanche.
Selon lui, il faut profiter de l'élection de Donald Trump pour abandonner l'idée de la création d'un État palestinien et accélérer la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est annexée. Benjamin Netanyahou a en revanche prêché une certaine prudence et appelé ses ministres à la retenue, après la victoire de Trump accueillie avec joie par les membres les plus à droite de la majorité.
Avec AFP