A la Une de toute la presse française, ce matin, l’élection-surprise de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.

«L’ouragan», titre le Figaro - «l’ouragan» Trump qui aurait «tout emporté», «les calculs des sondeurs et les prévisions des experts, le confort des élites intellectuelles et les certitudes des milieux d’affaires, la suffisance des hommes politiques et l’arrogance des médias». «Dans tout l’Occident, écrit le journal, les peuples sont en colère (et) nous (avons) choisi de ne pas le voir. Depuis la victoire de Donald Trump, nous ne pouvons plus faire semblant».

Les Echos évoquent un «saut dans l’inconnu», avec l’arrivée au pouvoir d’un candidat dont la ligne est certes radicale, mais dont le projet «reste à écrire». «L’inconnue», répète la Croix, qui estime que l’élection surprise du milliardaire ouvre, effectivement «une période d’incertitude» à la fois pour les Etats-Unis et pour le monde, mais met en garde contre «l’excès d’inquiétude» que pourrait susciter l’arrivée au pouvoir de cet homme «imprévisible» à la tête de la principale puissance du monde». Le journal, qui estime que «la peur sera la plus mauvaise des conseillères et le repli sur soi la pire des options», dit que «nous devons, au contraire, affirmer avec force nos convictions afin de les rappeler à nous- mêmes – et aux Américains». La Croix juge que «ce qui nous rassemble vaut mieux que ce qui nous divise»,  et qu’il «est préférable de bâtir des ponts plutôt que des murs».

La presse française exprime à la fois sa stupéfaction, et sa colère. Libération montre un Donald Trump dont le visage se trouve dans l’ombre et les cheveux dans la lumière, l’index levé. «American Psycho», titre le journal, qui tente de pénétrer la psyché américaine, en empruntant le titre d’un roman de Brett Easton Ellis, qui raconte l’histoire d’un psychopathe meurtrier, avide d’argent et de gloire. Libé évoque un «cauchemar qui a pris corps», un «effroi qui ne retombe pas». «Le Parti démocrate, comme la gauche dans beaucoup de pays, analyse Libé, n’a pas su répondre à deux inquiétudes, à deux colères. La peur du déclassement et de la chute qui frappe une grande partie des classes moyennes et populaires», et «la crainte identitaire». «Le fer de lance du trumpisme, rappelle Libération, c’est l’Amérique blanche. Le rejet de la mondialisation se change presque partout en méfiance du grand large, en demande de fermeture, en xénophobie, (or) la gauche n’a pas su opposer à cette révolte un projet d’avenir, des valeurs efficaces, des symboles forts. Devant le mal nationaliste, son rêve s’est étiolé». «Trump l’imposteur profite des colères américaines», répète l’Humanité, qui voit dans sa victoire l’échec «spectaculaire» de «la fable de la mondialisation heureuse».

Après le Brexit et la victoire de Donald Trump, l’Opinion se demande «à qui le tour». «Pas de doute, d’autres surprises viendront», prédit le journal, qui parle d’«ubérisation de la démocratie». La France va-t-elle finir par subir l’onde de choc populiste? Le Parisien rappelle que Marine Le Pen, la patronne du FN, a été la première, en France, à féliciter le président élu. D’après le journal, sa victoire serait même «une aubaine» et un modèle à suivre pour l’extrême-droite en 2017, tandis que le cas Trump «électriserait» le duel Sarkozy/Juppé.

Un mot, pour terminer, de Slate, qui a son message d’encouragement pour les déçus français de l’élection américaine. « Chers lecteurs, c’est merveilleux. Vus rendez-vous compte? On vit dans un monde où tout est possible. (Le héros) de The Apprentice est le 45^e président des États-Unis. Partant de là, plus rien n’est inimaginable.  «Maman, je veux aller vivre sur Jupiter». «Mais bien sûr mon chéri, Donald Trump est président, tout est possible»». «Répétez-le vous dès que vous sentez que vous paniquez: le monde a survécu à George Bush Jr. On peut survivre à Donald Trump», écrit Slate, qui ajoute que «cela fait des années que l’on reproche aux politiques de ne jamais appliquer leur programme», et qu’avec «un peu de chance», Donald Trump ne fera pas exception.

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