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Déradicalisation : le gouvernement français met fin aux "unités dédiées" en prison

Le gouvernement français a décidé de fermer les cinq "unités dédiées" instaurées en janvier pour "réhabiliter" les détenus les plus "radicalisés". Les 300 profils les "plus durs" seront dorénavant soumis à un régime de détention plus sévère.

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a annoncé, mardi 25 octobre, la fin des cinq unités dédiées (UD) aux détenus radicalisés en France, au profit d'une prise en charge davantage axée sur la sécurité.

Les quelque 300 profils identifiés comme les "plus durs" seront soumis à un régime de détention particulièrement sévère, proche de l'isolement, a fait savoir le ministre lors d'une conférence de presse. Ils seront fouillés et déplacés plus régulièrement, et feront leur promenade en tout petits groupes, à l'écart des autres détenus.

Jean-Jacques Urvoas, qui ne veut pas parler de "déradicalisation" mais de "rupture à la violence", met ainsi fin à l'expérimentation menée dans cinq unités dédiées des prisons de Fresnes, Fleury-Mérogis, Osny et Lille-Annoeullin. Le ministre a salué le travail effectué dans ces structures, mais estimé qu'on avait "perdu du temps" faute de coordination entre elles.

Combien de détenus considérés comme "radicalisés" en France ?

Les prisons françaises comptent actuellement 1 336 détenus, le plus souvent incarcérés pour des faits de droits commun, considérés comme "radicalisés". Ils étaient 700 l'an dernier.

Au total, 349 personnes, déjà condamnées ou en attente de procès, sont actuellement détenues en France pour des faits en relation avec le terrorisme. Il étaient 90 en 2014.

Des "unités" aux "quartiers d'évaluation"

Les premières UD avaient ouvert fin janvier, après le lancement d'un programme national décidé après les attentats de janvier 2015. C'était notamment l'expérience de Fresnes, où a été créé le premier quartier en octobre 2014 dédié avec une vingtaine de radicalisés séparés des quelque 2 200 autres détenus, qui avait servi à penser les unités. Mais, leur efficacité a régulièrement été remise en cause. En septembre dernier notamment lorsqu'un détenu placé dans une UD à Osny, dans le Val-d'Oise, avait violemment agressé deux surveillants.

Les UD vont donc céder la place à six "quartiers d'évaluation de la radicalisation" (quatre en région parisienne, un dans la région de Bordeaux et un dans la région de Marseille) où seront placés 120 détenus au total, pour une durée de quatre mois. Pour le reste, 27 établissements répartis sur tout le territoire mettront en place une "prise en charge spécifique" pour des détenus radicalisés, mais ne présentant pas une dangerosité maximale.

Avec AFP