C’était il y a trois ans. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, nos deux collègues de RFI, étaient assassinés à Kidal dans le nord du Mali. Depuis ce funeste 2 novembre 2013, l'enquête avance très lentement. Assassins et commanditaires n'ont toujours pas été appréhendés. Les circonstances de la tragédie, elles, suscitent toujours autant d’interrogations. Et nous avons le désagréable sentiment que tout n'est pas mis en œuvre pour faire éclater la vérité dans cette affaire.
Pourquoi le ministre de la Défense a-t-il mis autant de temps à accepter de déclassifier les documents demandés par le juge ? Pourquoi aucun juge ne s’est-il rendu au Mali depuis novembre 2013 ? Pourquoi la justice malienne se désintéresse-t-elle de ce dossier ? Autant de questions qui suscitent chez nous les plus grandes inquiétudes.
Claude Verlon et Ghislaine Dupont avaient fait le choix de se déplacer à Kidal pour, en pleine campagne législative, donner la parole aux Maliens qui vivent en zones dangereuses. Donner la parole à tous, quelle que soit leur condition, leur fonction, l’endroit où ils habitent, c’est là l’une des missions de RFI en particulier et des médias en général. Savoir pourquoi et dans quelles conditions nos deux confrères ont été assassinés est autant une nécessité pour les familles que pour nous, journalistes.
Le 2 novembre de chaque année est, depuis ce drame, sur décision de l'ONU, la Journée internationale de la fin de l'impunité des crimes commis contre les journalistes.
Les Sociétés des journalistes et Sociétés des rédacteurs de RFI, France 24, l'Agence France Presse, Radio France, Europe 1, RTL, Le Monde, Le Figaro, Libération, l’Humanité, France 2, BFM TV, Canal + - ITélé, Le Point, L'Obs, Mediapart, Télérama, Capa, Premières Lignes, La TéléLibre appellent les autorités françaises et maliennes à se mobiliser pour permettre à la justice de passer. Car il n’est pas concevable en démocratie de laisser impuni l’assassinat de deux journalistes.