Après avoir manifesté sur les Champs-Élysées, des centaines de policiers se sont rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi à Évry, dans l'Essonne, pour dénoncer l'insécurité. Bernard Cazeneuve doit recevoir les syndicats dans l'après-midi.
Vingt-quatre heures après la manifestation-surprise sur les Champs-Élysées, à Paris, quelque 400 policiers se sont de nouveau mobilisés dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 octobre à Évry pour protester contre l'insécurité. Ils y ont abondamment hué le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, qui y recevait les chefs de brigades et de brigades anticriminalité (BAC) de l'Essonne.
Une soixantaine d'autres se sont à nouveau réunis devant l'hôpital Saint-Louis à Paris, où est soigné un agent grièvement blessé lors de l'attaque au cocktail Molotov du 8 octobre à Viry-Châtillon, dans l'Essonne, qui a exacerbé la colère des policiers. Une centaine de policiers se sont également rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi à bord de leurs véhicules de service sur le Vieux-Port à Marseille.
Réunion "en urgence"
Alors que les syndicats ont appelé à la tenue d'une "marche silencieuse" le 26 octobre, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé qu'il recevra les organisations Alliance, Unsa-Police et Synergie qui réclamaient une réunion "en urgence" avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice.
"Défiler avec des voitures de police et des gyrophares [...] n'est pas conforme à ce qu'est la déontologie de la police dans la République", avait lancé au Sénat Bernard Cazeneuve après la manifestation sur les Champs-Élysées dans la nuit de lundi à mardi. "Ils manifestent une exaspération que je comprends", avait-il toutefois ajouté.
"Faire changer la situation sur le terrain"
Tout a commencé lundi après-midi quand des SMS ont circulé, annonçant un cortège depuis l'Essonne vers l'hôpital Saint-Louis. "Face à une hiérarchie carriériste, des élites syndicales enlisées dans leurs conflits, et une justice complètement désintéressée par notre sort, nous devons nous souder. Entre bleus", était-il écrit.
Dans la nuit de lundi à mardi, selon une source policière, "ils étaient environ 400 dont un large contingent venu" de l'Essonne devant l'hôpital. Aux environ de 1h du matin, le cortège s'est dirigé vers les Champs-Élysées. En tenue civile, gyrophares allumés, ils ont perturbé pendant plus d'une demi-heure la circulation autour de l'Arc de Triomphe, avant de se disperser.
"On peut comprendre le ras-le-bol des policiers qui exercent dans ces quartiers et ne voient pas depuis des années les décisions politiques faire changer la situation sur le terrain", a réagi Christophe Rouget du syndicat SCSI, qui avait appelé le 11 octobre à manifester devant les commissariats en solidarité avec les collègues attaqués dans l'Essonne.
Le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé le soutien du gouvernement abondamment exprimé après l'attaque de Viry-Châtillon et promis de "poursuivre sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre" après une série d'agressions, principalement en banlieue parisienne.
Avec AFP