Deuxième ville d'Irak et "capitale" de l'EI en Irak depuis 2014, c'est à Mossoul que le leader de l'organisation État islamique avait annoncé la création de son auto-proclamé "califat". De l'antiquité à Daech, retour sur l'histoire de la ville.
Mossoul, deuxième ville d'Irak sur laquelle les forces irakiennes appuyées par des groupes armés et par la coalition menée par Washington ont lancé lundi une offensive, est aux mains des jihadistes de l'organisation État islamique (EI) depuis juin 2014.
Traversée par le Tigre et située à 350 km au nord de Bagdad, Mossoul est le chef-lieu de la province de Ninive, riche en pétrole. Plateforme commerciale entre la Turquie, la Syrie et le reste de l'Irak, cette métropole, réputée pour ses fins tissus de coton, les mousselines, a longtemps été connue pour ses sites historiques, ses monuments remontant au XIIIe siècle, avant de devenir un terrain de violences quotidiennes après l'invasion américaine en 2003.
Une histoire tourmentée
Située face aux ruines de l'antique Ninive en Haute-Mésopotamie, Mossoul a été conquise par les Arabes en 641. Capitale d'un État seldjoukide à la fin du XIe siècle, elle atteint son apogée au siècle suivant. Prise et pillée par les Mongols (1262), elle passe sous domination des Perses puis des Ottomans.
En 1918, la Grande-Bretagne annexe cette région pétrolifère à l'Irak (sous mandat britannique) alors que la France prévoyait son rattachement à la Syrie française. La Turquie proteste mais la Société des nations (SDN) confirme cette annexion en 1925.
Dernier bastion du parti Baas de l'ancien dictateur Saddam Hussein, puis place forte d'Al-Qaïda, la ville tombe sans véritable résistance aux mains des jihadistes de l'EI le 10 juin 2014. C'est à Mossoul qu'ils choisissent de proclamer le 29 juin 2014 leur califat à cheval entre la Syrie et l'Irak. Ville majoritairement sunnite dans une région à majorité kurde, elle comptait traditionnellement de nombreuses minorités (Kurdes, Turcomans, chiites, chrétiens...).
Mosquée et sanctuaire dynamités
Des dizaines de milliers d'habitants, dont certains sont ensuite revenus, avaient fui les jihadistes, notamment la plupart des milliers de chrétiens confrontés à un ultimatum de l'EI en juillet 2014 : se convertir à l'islam, payer une taxe spéciale ou quitter la ville sous peine d'être exécutés.
Sa population actuelle est estimée à près d'un million et demi d'habitants, surtout des arabes sunnites. Dès juillet 2014, l'EI s'en est pris aux mausolées chiites et aux sanctuaires, souvent richement décorés. Le groupe a dynamité la mosquée abritant la tombe du prophète Jonas (Nabi Younès) et le sanctuaire de Seth (Nabi Chith) considéré comme le troisième fils d'Adam et Eve dans les traditions juive, chrétienne et islamique.
En février 2015, les jihadistes se sont filmés en train de vandaliser les trésors du musée de Mossoul datant notamment des périodes assyrienne et hellénistique.
Durant l'été 2016, la coalition internationale a lancé de nombreux raids autour de la ville, qui avait déjà été sérieusement endommagée durant la guerre Iran-Irak (1980-1988) puis régulièrement bombardée par l'aviation américaine avant sa prise par les forces américano-kurdes en avril 2003.
Avec AFP