Venus de toute la France, et d'Italie, entre 12 800 et 40 000 opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, selon les organisateurs ou les manifestants, ont protesté, samedi, sur le terrain où doivent être réalisés les travaux.
Quelque 12 800 opposants à la construction controversée de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) étaient rassemblés, bâton à la main, samedi 8 octobre, sur le futur chantier selon la préfecture. Ils étaient plus de 40 000 selon les organisateurs. "Nous sommes là, nous serons là" ont scandé les manifestants pour démontrer que leur détermination restait intacte, en dépit de l'autorisation des travaux et des rumeurs d'évacuation de plus en plus fortes.
Fin février, un précédent rassemblement avait déjà réuni entre 15 000 et 50 000 opposants dans cette "zone d'aménagement différé" (Zad) de 1 650 hectares située à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes et réservée à ce projet d'aéroport. Cette nouvelle mobilisation se veut une réponse à la menace d'expulsion par les forces de l'ordre de la Zad et de ses occupants illégaux.
"Des bâtons, pas des avions", ont chanté les protestataires de tous âges, le visage souriant mais déterminé, interrompus de temps à autre par la rumeur d'un hélicoptère de la gendarmerie survolant la Zad.
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Dans la matinée, des cars ont déposé des opposants venus de toute la France, et même d'Italie. "Nous voulons leur dire (au gouvernement et aux partisans du projet) : ‘Est-ce que vous avez bien mesuré l'énormité du soutien qu'a la Zad dans toute la France et au-delà’?", a expliqué Geneviève Coiffard, représentante d'Attac à la coordination des opposants.
Présence des écologistes
En écho à une autre grande lutte écologiste, le mouvement de désobéissance civile non-violente contre l'extension d'un camp militaire sur le causse du Larzac entre 1971 et 1981, les manifestants ont été invités à planter leur bâton en bordure d'un champ, formant autour de lui comme un périmètre de protection.
L'ancienne ministre Cécile Duflot, présente sur place, a quant à elle rappelé que l'opposition contre l'aéroport était "un combat de longue date des écologistes". La consultation a eu lieu. C'était une défaite pour ceux qui s'opposent à l'aéroport mais ça ne résout pas encore la question", a ajouté la candidate à la primaire écologiste pour la présidentielle, citant les recours judiciaires encore en cours et la procédure d'infraction lancée par Bruxelles en 2014.
Autre candidat à la primaire écologiste, Yannick Jadot n'a pas dit autre chose : "Plus le gouvernement envoie le signal tout à fait absurde qu'il faut faire cet aéroport et plus il faut marquer notre mobilisation", a-t-il lancé, rappelant que la France était toujours en infraction avec l'Europe sur ce projet et qu'elle "se mettrait dans l'illégalité à poser le premier caillou".
Une évacuation de la Zad pour bientôt
Cette nouvelle mobilisation, qui se poursuivra dimanche sous d'autres formes, vise à "mettre des bâtons dans les roues du projet". Les opposants, qui mènent depuis quinze ans une intense occupation du terrain parallèlement à une tout aussi frénétique bataille juridique, en avait fixé la date dès juillet, peu après la victoire du "oui" au référendum local, donc en faveur du transfert de l'aéroport Nantes-Atlantique vers le site de Notre-Dame-des-Landes, puis la confirmation par l'exécutif qu'il serait réalisé.
En suspens depuis l'automne 2012 et la dernière tentative d'expulsion des zadistes, les travaux peuvent officiellement démarrer depuis la publication, le 14 septembre, des derniers arrêtés préfectoraux. Selon les opposants, on n'a jamais été aussi proche d'une décision d'évacuer la Zad de ses quelque 300 occupants, Manuel Valls ayant promis le lancement des travaux à l'automne.
Avec AFP