À 25 ans, le nageur français Florent Manaudou a annoncé qu'il souhaitait faire "une parenthèse" dans sa carrière en natation. Le nageur souhaite se consacrer au handball afin de retrouver "le plaisir", sans pour autant totalement quitter les bassins.
L'idée, évoquée à chaud lors des JO de Rio 2016, se concrétise un peu plus. À bout de souffle, en panne d'"inspiration", Florent Manaudou a décidé de faire une parenthèse dans sa carrière de nageur… et c'est vers le handball que la star française de la natation a décidé de se tourner pour trouver "une bulle d'air".
"Je le fais sans autre ambition que de donner le meilleur de moi-même et trouver une source de plaisir différente", a expliqué le colosse marseillais, 99 kg pour 199 cm, champion olympique sur 50 m libre à Londres en 2012, dans un communiqué soigneusement calibré, envoyé à l'AFP.
Depuis 2014, Manaudou est le leader de l'équipe de France et l'arbre qui cache la forêt. Il a maintes fois sauvé les Bleus de la noyade, mais cette attente était devenue trop lourde à gérer. Cet été, aux Jeux de Rio, il a dû se contenter de l'argent pour un centième sur 50 m nage libre, et de l'argent encore au sein du relais 4x100 m nage libre.
Manaudou n'avait pas caché sa tristesse, mais s'était refusé à prendre une décision sur la suite à donner à sa carrière.
Aujourd'hui le temps de la réflexion est passé et le Marseillais a fait son choix : "J'ai réfléchi aux itinéraires d'autres nageurs tels que ma sœur Laure, la regrettée Camille Muffat [disparue en mars 2015 dans un accident d'hélicoptère lors d'un tournage de télé-réalité, NDLR] ou encore récemment Yannick Agnel", souligne-t-il.
Une tendance généralisée chez les nageurs français
Sa sœur, Laure, championne olympique à 17 ans en 2004 (400 m nage libre), avait craqué en 2007 avant de prendre sa retraite en 2009, définitivement lassée, à 23 ans. Camille Muffat, championne olympique en 2012 (400 m nage libre), avait elle aussi dit stop en 2014, avant de disparaître tragiquement en mars 2015 dans un accident d'hélicoptère. Quant à Yannick Agnel, champion olympique en 2012 (200 m nage libre), il n'a été que l'ombre de lui-même ces deux dernières années, jusqu'à une triste fin de carrière à Rio.
"Ces exemples m'invitent à ne pas prendre de décisions hâtives et radicales ou continuer sans plaisir pour de mauvaises raisons", plaide Manaudou dans son communiqué, même si l'entraînement de sprinter qu'il a connu, avec 6 km par jour dans l'eau, n'a rien à avoir avec les "semi-marathons" quotidiens de 20 km vécus par sa sœur, par Camille Muffat ou Yannick Agnel.
L'usure psychologique est certes là, mais pas question d'abandonner totalement la natation. Florent Manaudou, 26 ans le 12 novembre, reste licencié au Cercle des nageurs de Marseille, le club qui l'a accueilli en avril 2011 et où il a construit son palmarès durant cinq ans, sous la houlette de Romain Barnier. Au nom du club, il s'alignera ainsi au meeting de Tahiti (7-10 octobre) et aux Championnats de France interclubs (6 novembre).
Une pige en hand à Aix
Dans le même temps, il se fera plaisir avec l'équipe 2 d'Aix-en-Provence, club de l'élite du handball français, avec qui il a déjà partagé un entraînement. "J'ai abandonné trop tôt ce sport collectif complémentaire à la natation", explique le petit frère de Laure, de retour vers le sport de sa jeunesse, celui que pratiquait son père Jean-Luc.
"Florent a toujours aimé le collectif, il a toujours hésité entre natation et hand, il a failli arrêter la natation pour faire du hand. C'était très peu de temps avant 2012", avait raconté Jean-Luc Manaudou à l'AFP il y a quelques mois.
Mais pas question pour le triple médaillé olympique d'envisager sérieusement une carrière dans le hand. C'est bien pour "le plaisir" qu'il revient sur les parquets, explique-t-il en prenant soin de "faire taire les fantasmes et spéculations".
Florent Manaudou avait déjà envisagé de faire un break en 2014, avant de se raviser.
Cette fois-ci, il a été au bout de sa démarche, pour se "ressourcer" et fuir "la pression médiatique". "Je ne veux pas que celle-ci vienne gâcher mes chances de donner à nouveau un jour une autre médaille olympique à la France", insiste le super-champion, en évoquant en filigrane les JO de Tokyo 2020.
Durant cette parenthèse, Manaudou en profitera aussi pour surfer, gratter la guitare et gérer son restaurant marseillais, "La Piscine".
Avec AFP