François Hollande a reconnu solennellement, dimanche, la responsabilité française dans "l’abandon" des harkis, ces dizaines de milliers d’Algériens ayant combattu aux côtés des forces françaises lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie.
Plus de cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, la France a reconnu sa responsabilité dans le drame des harkis. Pour la première fois, ces anciens combattants algériens ayant combattu pour la France ont été honorés au sein de l’un des plus prestigieux temples républicains : la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides à Paris.
Je reconnais la responsabilité des gouvernements français dans l'abandon des Harkis et les massacres de ceux restés en Algérie.
— François Hollande (@fhollande) 25 septembre 2016C’est dans ce lieu hautement symbolique que François Hollande a reconnu, dimanche 25 septembre, "les responsabilités" de la France dans "l'abandon" des harkis au cours d'une journée d'hommage qui a pris des allures de pré-campagne électorale, à presque sept mois de l'élection présidentielle.
"Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France", a déclaré le chef de l'État, applaudi par les représentants des harkis présents.
Candidat, François Hollande en avait fait la promesse, en avril 2012, tenue dès septembre de la même année, mais uniquement à travers un message lu par l'un de ses ministres.
Encore chef de l'État mais alors complètement candidat, Nicolas Sarkozy avait lui aussi "reconnu" cette responsabilité française, huit jours avant le premier tour de la présidentielle 2012. Il avait été le premier président à se rendre au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) où avaient été parqués plusieurs dizaines de milliers de harkis.
Arrière-pensées électorales
Cette déclaration reprend au mot près sa promesse de 2012, manière pour le chef de l'État de montrer qu'elle est pleinement honorée… et de tenter de se réconcilier avec un certain nombre de harkis qui avaient protesté (accompagnés de nombreuses voix à droite) au printemps.
Le chef de l'État avait en effet choisi de commémorer la date du cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie au lendemain des accords d'Évian, une date qu'ils considèrent comme symbolique de leur abandon.
Après ces accords, 55 000 à 75 000 harkis ont été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes. Quelque 60 000 ont été admis en France.
M. Hollande a souligné le caractère "symbolique" de sa déclaration, et insisté sur les actions déjà entreprises par ses prédécesseurs et lui même, notamment avec un plan d'action en 2014 comportant un volet "réparations".
C'est qu'au sein de la communauté harkie, des voix s'élèvent pour que la France fasse un geste supplémentaire, législatif ou financier. "La France a une dette envers les harkis", avait ainsi déclaré en mars Hocine Louanchi, coordinateur du Rassemblement militant de la cause harkie et acteur d'une des premières révoltes harkies en 1975.
Ces demandes sont relayées dans la classe politique. Dimanche aux Invalides, François Hollande a ainsi serré la main de nombre de candidats à la présidentielle, présents aux côtés des anciens combattants : Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé (LR), ou Marine Le Pen (FN).
Des députés de droite ont notamment déposé en avril une proposition de loi prévoyant notamment que "la Nation s'engage à réparer les préjudices moraux et matériels subis par les harkis", soit 500 000 personnes avec les descendants.
Avec AFP