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Syrie : suspension des opérations d'aide internationale après le raid contre un convoi humanitaire

Après le bombardement lundi d'un convoi humanitaire dans la province d'Alep, l'ONU et le Croissant-Rouge ont suspendu leurs opérations d'aide en Syrie. Au moins 20 civils ont été tués et l'on ignore pour l'heure qui est responsable du raid.

Il n’a fallu que quelques heures pour que les bombardements reprennent de plus belle en Syrie. À peine la fin de la trêve fut-elle annoncée qu’un convoi humanitaire du Croissant-Rouge était pris pour cible lors d’un raid aérien dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 septembre. Au moins 20 civils, parmi lesquels 12 humanitaires, ont péri dans l’attaque, provoquant l'indignation internationale à quelques heures de l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies.

Au moins 18 des 31 véhicules du convoi qui livrait de la nourriture et des médicaments à 78 000 habitants d'une ville isolée de la province septentrionale d'Alep ont été endommagés, selon l'ONU. Les carcasses encore fumantes de ces poids-lourds et leur cargaison éventrée gisaient mardi matin sur le bord de la route, a constaté un correspondant de l'AFP.

L'ONU a annoncé la suspension de tous ses convois d'aide en Syrie à la suite du raid. Il s'agit "d'un jour très, très sombre pour les humanitaires en Syrie et dans le monde", a déclaré depuis Genève Jens Laerke, le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), qui a demandé l’ouverture d’une enquête. La Croissant-Rouge a également décidé d'interrompre ses opérations pendant trois jours.

"Crime de guerre"

"S'il s'avère que cette attaque impitoyable a délibérément visé des humanitaires, alors elle équivaut à un crime de guerre", avait affirmé plus tôt Stephen O'Brien, le patron des opérations humanitaires de l'ONU.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a fait état de 12 morts dans le raid, n'était pas en mesure de préciser de quelle nationalité étaient les avions ayant mené ces frappes. Aucun groupe rebelle syrien ne dispose de force aérienne.

Sans directement accuser Moscou, le porte-parole du département d'État américain, John Kirby, a assuré que les États-Unis étaient "scandalisés" par l'attitude de la Russie, alliée du régime de Damas. De son côté, Moscou affirme que ni l'aviation russe, ni syrienne n'ont bombardé le convoi humanitaire de l'ONU. L'armée de Bachar al Assad a, pour sa part, affirmé que les informations de presse la mettant en cause étaient "fausses", rapporte l'agence de presse officielle Sana.

Ailleurs en Syrie, d'Alep à la banlieue de Damas, les habitants ont retrouvé le bruit des bombardements et des tirs nocturnes. Beaucoup d'entre eux se sont terrés chez eux après avoir goûté durant une semaine au plaisir de rester avec des amis dans les rues, jusque tard dans la nuit.

Les raids ont été particulièrement violents à Alep et dans sa province, où au moins 39 civils ont été tués depuis l'annonce par l'armée syrienne de la fin du cessez-le-feu lundi en fin d'après-midi, selon l'OSDH.

Espoirs "très faibles"

À New York, la guerre de Syrie va s'imposer dans les discussions entre les chefs d'État rassemblés pour l'Assemblée générale annuelle de l'ONU sur fond d'accusations mutuelles entre Washington et Moscou, les deux parrains de la trêve.

C'est dans ce contexte acrimonieux que doit se réunir mardi le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble depuis novembre 2015 une vingtaine d'organisations internationales et de pays, dont les États-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran.

Cette réunion "évaluera [...] l'état de l'accord conclu entre les États-Unis et la Russie il y a une semaine, où nous sommes et quelles sont les prochaines mesures à prendre", a précisé un porte-parole du département d'État américain, Mark Toner. "Les Russes ont signé un accord, il faut voir maintenant ce qu'ils disent. Mais le plus important, c'est que les Russes doivent contrôler [le président syrien Bachar] al-Assad", a par ailleurs déclaré le secrétaire d'État, John Kerry.

Pour Moscou, les conditions d'un renouvellement de la trêve "sont très simples" : "Il faut que les terroristes arrêtent d'attaquer l'armée syrienne", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Et bien sûr, il serait bien que nos collègues américains ne bombardent plus par erreur les Syriens", a-t-il ajouté, en faisant allusion au raid mené samedi par la coalition conduite par les États-Unis contre l'armée syrienne, qui a fait au moins 90 morts.

La coalition a affirmé que ce bombardement était une erreur de cible puisqu'elle croyait viser des jihadistes du groupe État islamique (EI). Les espoirs de renouvellement de la trêve sont "très faibles", a mis en garde Dmitri Peskov.

Avec AFP

Tags: Syrie, ONU, Humanitaire,