Des dizaines de soldats syriens ont trouvé la mort, samedi, dans des frappes aériennes de la coalition internationale. Cet incident, qui a provoqué une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, met à mal la trêve négociée par Moscou et Washington.
La coalition internationale menée par les États-Unis a admis, samedi 17 septembre, avoir bombardé ce qu'elle pensait être une position de l’organisation État islamique (EI) en Syrie, tuant au moins 60 soldats syriens et provoquant une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
Ce bombardement meurtrier est intervenu au cinquième jour d'une fragile trêve issue d'un accord entre les États-Unis et la Russie. Dans la foulée, Moscou a accusé, samedi soir, "l'opposition modérée" syrienne, soutenue par les États-Unis, d'avoir "fait échouer" ce cessez-le-feu.
Cette trêve avait déjà été mise à mal vendredi avec de violents combats et des civils tués dans des bombardements, alors que l'aide humanitaire, qui devait être livrée à des villes assiégées n'a pu être acheminée, Moscou et Washington se rejetant mutuellement la responsabilité des accrocs à ce cessez-le-feu. Le bombardement qui a tué des dizaines de soldats syriens, alliés de Moscou, dans l'est de la Syrie, n’a donc rien fait pour calmer les esprits.
"Des avions de la coalition américaine ont frappé l'une des positions de l'armée syrienne [...] près de l'aéroport de Deir Ezzor" vers 17 h locales (14 h GMT), a d’abord affirmé samedi l'armée syrienne.
Pour l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une organisation disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, ce sont au moins 80 soldats syriens qui sont morts, tandis que Moscou évoque 62 tués et une centaine de blessés.
Plus tard dans la soirée, la coalition a reconnu qu'elle avait bombardé ce qu'elle pensait être une position de l'EI avant de mettre fin à l'opération dès que Moscou l'a prévenue qu'il s'agissait peut-être de militaires syriens.
"Les forces de la coalition pensaient qu'elles frappaient une position de combat de l'EI qu'elles suivaient depuis un certain temps avant le bombardement", a expliqué un communiqué du commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom). "La coalition ne ciblerait jamais intentionnellement une unité militaire syrienne", a-t-il ajouté en précisant que la coalition allait se pencher "sur les circonstances de cette frappe".
"Un mauvais présage" pour le maintien de l'accord américano-russe en Syrie
À la demande de Moscou, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence samedi soir. "Nous exigeons de Washington des explications complètes et détaillées, et elles doivent être données devant le Conseil de sécurité de l'ONU", avait déclaré à Moscou la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Damas a exigé de son côté que "le Conseil de sécurité condamne l'agression américaine et force les États-Unis à ne pas recommencer et à respecter la souveraineté de la Syrie".
L'ambassadrice américaine Samatha Power a réitéré les regrets de Washington pour la frappe menée contre une position militaire syrienne mais a accusé la Russie de vouloir "monter un coup" en convoquant le Conseil de sécurité. Elle a également fait valoir "que le régime syrien frappait volontairement des cibles civiles avec une régularité effrayante" et que la Russie ne faisait rien pour l'en empêcher.
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Cet incident est "un mauvais présage" pour le maintien de l'accord américano-russe en Syrie, a pour sa part déclaré à la presse l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine.
La province de Deir Ezzor est tenue par l'EI qui contrôle aussi la majorité de la capitale provinciale éponyme, à l'exception de l'aéroport militaire et de quartiers aux alentours aux mains du régime.
L'agence de propagande de l'EI Amaq a affirmé que le groupe jihadiste avait pris le contrôle de la colline où a eu lieu la frappe aérienne. Or, les zones contrôlées par les jihadistes, aussi bien ceux de l’EI que du Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), sont exclues du cessez-le-feu.
Avec AFP