La trêve en Syrie a connu vendredi ses plus sérieux accrocs avec des bombardements aériens et de violents combats au moment où s'envenimaient les relations entre les États-Unis et la Russie au sujet de l'aide humanitaire bloquée.
La trêve fragile initiée lundi en Syrie par les États-Unis et la Russie a connu vendredi 16 septembre ses plus sérieux accrocs avec des bombardements aériens et de violents combats, à quelques heures d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU qui doit se prononcer sur cette initiative.
À la périphérie de Damas, l'armée syrienne a bloqué une tentative des rebelles d'entrer dans la capitale via le quartier de Jobar, selon une source militaire qui a fait état "d'affrontements intenses et de tirs de roquettes". Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les rebelles ont perdu trois hommes dans cette attaque.
En outre, dans la province d'Idleb (nord-ouest), l'OSDH a enregistré les premières victimes civiles depuis l'entrée en vigueur de la trêve : trois personnes, dont deux enfants, ont ainsi péri à Khan Cheikhoun, une localité rebelle, dans des frappes menées par des avions non identifiés.
Un autre raid a visé dans la province d'Alep la localité d'Atareb, une place forte des rebelles. Dans les deux cas, on ignore qui sont les auteurs des frappes.
Il n'en reste pas moins que le niveau des violences a sensiblement baissé sur l'ensemble des fronts, à la faveur de l'accord russo-américain qui vise à favoriser une solution au conflit très complexe qui a fait plus de 300 000 morts depuis 2011.
Frictions entre Moscou et Washington au sujet de l’aide bloquée
Ces accrocs interviennent alors que, sur le front diplomatique, des frictions sont apparues entre les deux parrains de cette trêve, Washington et Moscou, soutiens respectifs de la rébellion et du régime. En cause : le blocage de l’aide humanitaire.
L’accord prévoit la livraison en premier lieu de nourriture et de médicaments aux villes et localités assiégées, à commencer par les quartiers rebelles de la cité d'Alep, principal front du conflit où les quelque 250 000 habitants manquent de tout.
Pour accéder aux populations dans la zone rebelle d'Alep, l'accord prévoit la démilitarisation de la route du Castello au nord de la ville. Mais selon un correspondant de l'AFP, aucun mouvement n'avait été enregistré sur cet axe routier en milieu de journée vendredi. L'OSDH a affirmé que les troupes du régime y étaient toujours déployées bien que la Russie ait soutenu qu'elles avaient commencé à s'en retirer.
Moscou a, de son côté, estimé vendredi que seul "un des belligérants" - les forces du régime syrien et l'armée russe - respectaient réellement le cessez-le-feu.
Ce raidissement des relations entre les États-Unis et la Russie intervient alors que le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir vendredi en urgence à 21 h 30 GMT pour examiner l'opportunité de soutenir cet accord sur la Syrie, ont indiqué des diplomates. "Le défi auquel nous continuons de faire face est de s'assurer que toutes les parties au conflit et ceux qui ont de l'influence sur elles se mettent d'accord, a indiqué David Swanson, un porte-parole de l'ONU. C'est terriblement frustrant."
Moscou, selon cet accord, doit faire pression sur son allié Assad tandis que Washington doit œuvrer auprès des rebelles syriens pour, dans les deux cas, faire taire les armes. Une cessation des hostilités pendant sept jours devra, selon l'accord, permettre la création d'un centre inédit de coordination militaire entre Moscou et Washington pour frapper les organisations jihadistes État islamique (EI) et Front Fateh al-Cham (ex Al-Nosra).
Le Pentagone a souligné qu'il n'y aurait pas de coopération militaire avec Moscou en Syrie tant que l'aide n'aura pas été débloquée. De son côté, la Russie accuse Washington de ne pas faire assez pression sur les rebelles pour qu'ils prennent leurs distances avec le Front Fateh al-Cham. Or les rebelles comptent sur l'aide de Fateh al-Cham, aguerri et bien organisé, dans toute bataille contre le régime. De plus, ils contrôlent avec ce groupe jihadiste de vastes régions dans les provinces d'Alep, d'Idleb et de Damas.
Les régions sous contrôle des jihadistes sont exclues de l'accord de trêve et continuent d'être la cible de frappes aériennes russes, du régime syrien et de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.
Avec AFP