À la suite d'une plainte déposée par le Club Med, Bernard Tapie fait l'objet d'une enquête préliminaire pour "manipulation de cours". Le voyagiste l'accuse d'avoir tenu des propos qui ont conduit à la chute des titres boursiers de l'entreprise.
AFP - Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "manipulation de cours" après une plainte du Club Med contre Bernard Tapie, accusé d'avoir volontairement fait fluctuer le cours du titre de la société en dénigrant sa direction, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
L'enquête a été ouverte dans le courant du mois et confiée aux policiers de la Brigade financière, selon cette même source.
Le Club Méditerranée avait déposé plainte le 11 juin contre Bernard Tapie à Paris pour "diffusion d'informations fausses et trompeuses et manipulation de cours". Il accusait M. Tapie de faire baisser les cours de la société, en dénigrant notamment sa direction, pour y prendre des participations.
La manipulation de cours et la diffusion d'informations fausses ou trompeuses sont chacune passibles de deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 1,5 million d'euros "dont le montant peut être porté au-delà de ce chiffre jusqu'au décuple du montant du profit éventuellement réalisé", selon le code monétaire et financier.
L'homme d'affaires, qui a entretenu le flou sur ses intentions pendant plusieurs semaines, a fini par annoncer le 18 juin son entrée au capital, tout en assurant qu'il ne cherchait pas en prendre les commandes.
Bernard Tapie a acquis "à ce jour" 260.000 actions, "soit un peu plus de 1% du capital" de l'opérateur de villages de vacances, pour un montant de "plus de 2,5 millions d'euros", avait-il indiqué le 18 juin.
Le Club Med souhaitait en portant plainte "que soient sanctionnées des pratiques en violation flagrante avec les règles de la communication boursière", avait indiqué le groupe le jour du dépôt de sa plainte.
Ces pratiques, "compte tenu de la personnalité médiatique de leur auteur, sont de nature à avoir induit en erreur des investisseurs, notamment des petits actionnaires non professionnels susceptibles d'avoir été influencés par la confusion que Bernard Tapie a entretenue, jour après jour, sur ses intentions", avait déploré le Club Med, présidé par Henri Giscard d'Estaing.
"Les propos de Bernard Tapie, qui n'a eu de cesse de dénigrer la société, sa stratégie, ses collaborateurs et ses dirigeants, ont par ailleurs causé au Club Méditerranée un préjudice d'image important", selon le Club Med.
L'action, qui cotait environ 20 euros en décembre 2002 au moment de la nomination d'Henri Giscard d'Estaing à la tête du groupe, avait atteint un pic de 55,90 euros en juillet 2007. Elle a fortement chuté pour ne coter qu'environ 11 euros.
Sous l'effet de la crise, les comptes se sont encore dégradés et le groupe a dévoilé le 11 juin une perte nette doublée à 22 millions d'euros pour le premier semestre de l'exercice 2008-2009.