Les députés espagnols ont une nouvelle fois refusé vendredi d'accorder leur confiance au conservateur Mariano Rajoy, au pouvoir depuis 2011, prolongeant ainsi la profonde crise politique qui dure depuis huit mois en Espagne.
L’Espagne reste dans l’impasse. Ses députés ont de nouveau refusé, vendredi 2 septembre, la confiance au conservateur Mariano Rajoy, laissant seulement deux mois aux partis pour mettre fin à une crise politique sans précédent en 40 ans.
Mariano Rajoy n'a obtenu que 170 voix pour son maintien au pouvoir, exactement comme lors d'un premier vote mercredi. Sans surprise, les 180 autres députés ont voté contre lui. Rajoy pourrait éventuellement être à nouveau candidat à l'investiture, tout comme le dirigeant socialiste Pedro Sanchez.
La politique du non, non et non
Le conservateur sortant a plaidé en vain pour que ses adversaires socialistes le laissent gouverner. "Si vous persistez dans votre politique du non, non, non et non, permettez au moins qu'en Espagne se forme un gouvernement", a-t-il lancé aux socialistes du PSOE.
Soutenu par ses élus et les libéraux de Ciudadanos, Rajoy ne pouvait être investi sans l'abstention de députés socialistes. Il a accusé le dirigeant socialiste Pedro Sanchez d'utiliser les "prétextes habituels pour dissimuler le désir peu avouable de nouvelles élections".
Le socialiste Pedro Sanchez justifie ce rejet d'un deuxième gouvernement de Rajoy aux nombreuses "affaires de corruption" ayant impliqué des membres du Parti populaire (PP). Il l’a aussi accusé de s'être servi de la crise économique, née en 2008, pour mener une politique ultralibérale et ainsi "démanteler le système de protection sociale".
Sanchez s'est cependant adressé aux partis "du changement", Ciudadanos et Podemos, en disant : "Si nous agissons tous, nous trouverons une solution et (...) le groupe parlementaire socialiste en fera partie". Au début d'année, il leur avait déjà proposé cette alliance, en vain.
"Ça suffit"
À Madrid, des Espagnols interrogés vendredi se montraient exaspérés. "Ça suffit, nous sommes la risée du monde entier", assurait Luis Garcia Montero, 53 ans, employé dans une grande banque et électeur de Ciudadanos.
Une électrice socialiste, Belen Ludec Lopez, puéricultrice de 30 ans, avouait ne pas savoir si elle retournerait aux urnes. "Les gens en ont ras-le-bol", disait-elle, tout en jugeant logique la position du PSOE puisque ses électeurs voulaient "faire barrage au PP".
Le blocage politique dure depuis que deux nouveaux partis ont bouleversé le jeu politique, fin 2015, en entrant en force au parlement : Podemos à gauche et Ciudadanos au centre-droit. "Ce pays a changé et ce ne sont plus deux partis qui se répartissent tout", a rappelé Pablo Iglesias, le dirigeant du parti de gauche antiaustérité Podemos.
Le Pays basque et la Galice à la rescousse
Pour mettre fin à la paralysie, le petit parti libéral Ciudadanos avait, lui, finalement accepté de soutenir sans enthousiasme un second gouvernement de Rajoy. Parfois il faut choisir "entre le mauvais et le moins mauvais", avait lancé son dirigeant, Albert Rivera.
Rivera n'a pas semblé disposé à soutenir une nouvelle fois Rajoy après cette séance d'investiture ratée. Il a dénoncé le "chantage" fait aux Espagnols et demandé "pardon" pour l'incapacité des dirigeants politiques à trouver un accord.
Certains attendent encore de voir si les résultats des élections régionales au Pays Basque et en Galice, le 25 septembre, peuvent changer la donne. Les partisans de Mariano Rajoy espèrent toujours arracher l'appui des cinq députés du parti nationaliste basque PNV, si jamais celui-ci a besoin du soutien des conservateurs pour rester au pouvoir au Pays basque. Mais le PNV a encore signifié vendredi une fin de non-recevoir au PP, en dénonçant sa politique envers les Basques ces dernières années.
Avec AFP