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Syrie : nouvelle opération turque au sud de Jarablus, au moins 20 civils tués

Au moins 20 civils ont été tués dimanche matin par l'armée turque dans le nord de la Syrie, selon l'OSDH, tandis que des opérations militaires turques se sont poursuivies samedi et qu'un premier soldat turc a été tué durant l'offensive.

Au moins 20 civils ont été tués et 50 autres blessés par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes de l'armée turque, dimanche 28 août dans la matinée, sur Jeb el-Koussa, un village au sud de la localité syrienne de Jarablus, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La Turquie a lancé une opération mercredi dans le nord de la Syrie visant à la fois jihadistes et forces kurdes. Pour la première fois, samedi, des affrontements ont par ailleurs éclaté entre combattants soutenus par les forces kurdes et des chars turcs dans le nord de la Syrie, ont rapporté l'OSDH et une source kurde.

Un soldat turc été tué et trois autres blessés samedi dans une attaque à la roquette de miliciens kurdes contre deux chars participant à l'offensive turque, a annoncé l'agence de presse progouvernementale Anadolu. Il s'agit du premier décès confirmé d'un militaire turc dans le cadre de cette opération sans précédent. Les blindés ont été touchés dans la région de Jarablus d'après l'agence de presse turque Dogan.

"Les chars turcs ont avancé aujourd'hui [samedi] aux abords de la localité d'Al Amarna dans la province d'Alep, au sud de la frontière [turque], et des affrontements ont alors éclaté entre eux et des combattants appuyés par les forces kurdes", a par ailleurs indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH. Une source au sein de l'administration semi-autonome kurde en Syrie a affirmé de son côté que des groupes de combattants locaux étaient "engagés en ce moment dans des combats aux abords d'Al Amarna contre des chars turcs".

Dans un communiqué, le conseil militaire de Jarablus composé d’insurgés liés aux Forces démocratiques syriennes (FDS), comprenant plusieurs milices arabes mais aussi kurdes comme le YPG, ont eux aussi accusé Ankara d’avoir attaqué, samedi, leurs positions et des habitations civiles dans ce village d’Al Amarna, situé à 10 km au sud de Jarablus. Ils ont évoqué cette fois des bombardements aériens.

La Turquie affirme avoir visé des "terroristes"

L'agence de presse turque Anadolu a rapporté, pour sa part, que des frappes turques avaient visé, samedi, un poste de commandement de "groupes terroristes" au sud de Jarablus, en Syrie, sans préciser quels groupes étaient visés.

De son côté, le conseil militaire de Jarablus a qualifié l'opération turque à Al Amarna "d'escalade dangereuse qui menace la région". "Nous confirmons notre aptitude à nous défendre nous-mêmes", a déclaré le groupe rebelle dans son communiqué, taxant les raids turcs de provocation.

Les interventions militaires d’Ankara font suite à l'opération "Bouclier de l'Euphrate", lancée mercredi sur le territoire syrien visant à la fois à chasser l'organisation État islamique (EI) de la zone et à contrer l'avancée des milices kurdes, désireuses selon elle de former un corridor le long de la frontière.

L’EI et les YPG dans le viseur d’Ankara

Selon le quotidien turc Hurriyet, Ankara maintient désormais 50 chars et 380 soldats en Syrie, après trois jours d'opération. Les six derniers chars turcs sont entrés en territoire syrien samedi matin dans le village de Karkamis, à la frontière turque.

Autre opération militaire turque dans le nord de la Syrie, l'agence Anadolu a confirmé que les rebelles soutenus par Ankara s’affairaient à détruire des explosifs laissés par les combattants de l'EI à Jarablus, précisant que 20 engins avaient été neutralisés sur la seule journée de vendredi.

Pour la Turquie, cette offensive en Syrie vise entre autres à empêcher les Kurdes syriens de former une ceinture continue le long de sa frontière, alors qu'elle affronte déjà les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur son propre territoire.

Plusieurs roquettes se sont par ailleurs abattues samedi soir sur l'aéroport de Diyarbakir (sud-est) sans faire de victimes, a indiqué dans un communiqué le gouverneur de la province, Hüseyin Aksoy, pointant du doigt le PKK. Une "opération d'envergure" a été lancée pour arrêter les assaillants, a-t-il ajouté.

Cette attaque est survenue au lendemain d'un attentat revendiqué par le PKK dans lequel au moins 11 policiers avaient trouvé la mort à Cizre (sud-est).

D’après une source proche des services de sécurité turcs samedi, deux avions F-16 turcs ont mené des frappes en Syrie contre six objectifs de l’EI mais aussi contre une position de la milice kurde syrienne YPG, considérée par Ankara comme une organisation "terroriste". Selon le journal Hurriyet, les forces armées turques ont reçu l'ordre de "frapper immédiatement" en cas de mouvement des YPG vers Jarablus.

Avec AFP et Reuters