La Chambre des communes britannique doit désigner, ce lundi, son nouveau président. L'heureux élu succédera à Michael Martin, contraint à la démission le 19 mai après avoir été, lui aussi, rattrapé par le scandale des notes de frais.
AFP - La Chambre des Communes, Chambre basse britannique, élit lundi son nouveau président, à qui incombera la lourde tâche de restaurer la réputation de la vénérable "mère des Parlements", ternie par le scandale des notes de frais des députés.
L'élection d'un nouveau "Speaker" de la Chambre des Communes a été rendue nécessaire par la démission historique -la première depuis 1695- de l'ancien président, Michael Martin, poussé vers la sortie pour sa gestion jugée désastreuse du scandale des notes de frais, un des plus importants de ces dernières années au Royaume-Uni.
Depuis plus d'un mois, la presse égrène les libertés prises par un grand nombre des 646 députés avec ce système légal, qui prend en charge les frais des députés attenants à une résidence secondaire, mais considéré comme trop généreux voire laxiste.
Des élus sont allés jusqu'à se faire rembourser des intérêts d'emprunts pourtant totalement échus ou la rénovation de propriétés qu'ils ont pu par la suite vendre avec force profits, parfois sans même verser un sou d'impôts sur les revenus immobiliers.
Les médias se sont particulièrement gaussé de certaines dépenses ubuesques mises sur le compte du contribuable: des rouges à lèvres, des croquettes pour chien, une cuvette WC ou une boîte d'allumettes. Le scandale a coûté la tête d'une quinzaine de députés, dont plusieurs ministres.
Tandis que la presse n'en finit pas de publier les détails les plus croustillants de ces notes de frais, le Parlement a finalement accepté, comme la justice l'avait exigé il y a un an, de dévoiler la liste officielle des défraiements autorisés. Mais le document a été largement censuré, officiellement pour raisons de sécurité.
Le scandale n'en finit pas de ternir la réputation du Palais de Westminster, qui abrite le pouvoir législatif britannique. Cette institution vieille de trois siècles est souvent qualifiée de "mère des Parlements" tant elle a dicté la structure de nombreuses démocraties de par le monde.
"La réputation du Parlement a touché le fond", a reconnu un des favoris à la présidence, le conservateur John Bercow. "Le prochain président devra relever un défi de taille: nettoyer la politique et construire une relation avec l'électorat basée sur le respect mutuel", a-t-il souligné.
Une réforme en profondeur est en cours, destinée notamment à assainir le système de défraiement. Il s'agit surtout d'en finir avec le "club de gentlemen" auquel pouvait souvent s'apparenter Westminster, a récemment déclaré le Premier ministre Gordon Brown, qui a lui aussi dû s'expliquer sur des notes de frais suspicieuses.
Mais de nombreux députés ont déjà fait part de leurs doutes quant à la capacité de l'institution de se réformer. Une des favorites au poste, l'ancienne ministre travailliste des Affaires étrangères Margaret Beckett, a elle aussi profité du juteux système de notes de frais. Elle est en particulier accusée de s'être fait rembourser près de 11.000 livres (13.000 euros) pour entretenir son jardin.
Dix candidats prétendent au trône parlementaire. Ils défileront devant leurs pairs pour des discours programmés à partir de 13H30 GMT. L'élection à bulletin secret ne devrait pas commencer avant 15h30 GMT pour un résultat connu en début de soirée.
Le Speaker dirige les débats parlementaires et est chargé du fonctionnement général des Communes, dont le défraiement des élus. La tradition veut qu'il soit un arbitre impartial: il ne peut pas participer aux votes et rompt avec son parti avant de prendre ses fonctions.