
La Côte d’Ivoire, qui n'a remporté qu’une seule médaille d’argent depuis 1984, a fait coup double vendredi. D’abord en bronze, puis en or, grâce à deux de ses taekwondoïstes, Ruth Gbagbi et Cheick Cissé.
Le 19 août 2016 restera une journée historique pour le sport ivoirien. En une journée, les taekwondoïstes Ruth Gbagbi et Cheick Cissé ont décroché respectivement la première médaille féminine et la première médaille en or de la Côte d’Ivoire.
Partout, dans la rue, et sur les réseaux sociaux, les Ivoiriens ont laissé éclater leur joie. Cela faisait plus de trente ans, depuis les Jeux olympiques de Los Angeles, qu’un Ivoirien n’était pas monté sur les marches du podium. C'était en 1984, Gabriel Tiacoh avait fini deuxième du 400m, rapportant l’argent à son pays. Désormais, le pays compte trois médailles olympiques des trois couleurs : or, argent, bronze.
Cette moisson commence avec Ruth Gbagbi chez les femmes en moins de 67 kg. La triple championne d’Afrique de 22 ans s’était d’abord inclinée face à la future médaillée d’argent, la Française Haby Niare, avant de remporter son match de repêchage face à l’Haïtienne Aniya Necol Louissaint, puis son combat pour la médaille de bronze, face à l'Azerbaïdjanaise Farida Azizova.
Le même jour, leur bonheur devait se poursuivre avec le sacre historique de Cheick Cissé. Le taekwondoïste de 22 ans, lui aussi triple champion d’Afrique, devient le premier champion olympique de son pays, au terme d’une finale gagnée à la dernière seconde (8-6), face au Britannique Lutalo Muhammad en catégorie - de 80 kg.
Ces deux médailles ivoiriennes viennent récompenser le travail de la Franco-Canadienne, Marlène Harnois, médaillée de bronze (en taekwondo - de 57 kg) aux Jeux de Londres en 2012, qui a participé au développement de la discipline en Côte d'Ivoire. L’ancienne championne s'est félicitée sur sa page Facebook d’avoir partagé l’aventure de ces deux médailles historiques, félicitant ensuite sur Twitter ces élèves qui avaient dépassé le maître.
"Ils ont cru en eux, a-t-elle réagi sur le site de RFI. C’était génial de les avoir accompagnés ces deux dernières années. […] Ils se sont entraînés dans des conditions difficiles avec du courage. […] C’est une belle histoire."
Fêter ça au Fanta
Après cette victoire, le nouveau médaillé d’or ivoirien Cheick Cissé faisait part de son immense joie, avec une certaine modestie, déclarant à RFI : "C’est le travail qui a payé. [...] Dans le dernier combat, j’ai appliqué la stratégie que l’on travaille à l’entraînement. Il restait juste quelques secondes et je suis incapable de dire ce que j’ai fait. […] Il faut que je revoie tranquillement les images. C’est magnifique. […]. Maintenant, je vais fêter cela au Fanta avec toute la famille !".
"Je suis heureuse, et il va falloir un peu de temps pour redescendre sur Terre !", a pour sa part déclaré la médaillée de bronze, Ruth Gbagbi, à RFI. "Depuis des années la Côte d'Ivoire court après cette médaille !"
Les deux athlètes font la fierté de leur pays. Depuis les gradins du stade à Rio, où l’hymne a été repris par les supporters ivoiriens présents, jusqu’à la présidence ivoirienne, qui a réagi dans l’après-midi du 20 août sur Twitter, les deux sportifs ont été chaleureusement fêtés .
Le footballeur ivoirien Gervinho, qui a joué entre autres à Arsenal et pour l’AS Rome), a également réagi sur Twitter : "Félicitations Cissé Cheick & Gbagbi Ruth".
Quant au ministre des Sports ivoirien, François Albert Amichia, qui était présent à Rio, il a fait part de son enthousiasme sur les réseaux sociaux en se prenant en photo avec les deux sportifs.
Mais contrairement aux Ivoiriens qui ont pu faire le déplacement, les téléspectateurs restés au pays n’ont pas eu la chance de pouvoir suivre en direct le sacre historique de Cheick Cissé. Pour des raisons liées à un choix de distribution de droits, la télévision ivoirienne n'a pas été en mesure de diffuser les images de la finale de taekwondo à l’issue de laquelle l’hymne ivoirien a retenti dans le stade. Une bande annonce défilant sur les écrans à plusieurs reprises indiquait que "le distributeur des droits d'image [avait] servi de l'athlétisme au lieu du taekwondo".
Après ce jour historique, sans doute qu’à l’avenir, le distributeur en question attribuera-t-il plus facilement les droits pour le taekwondo à la Côte d’Ivoire.