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"Conversations privées avec le président", un livre d'entretiens accordés par François Hollande aux journalistes Antonin André et Karim Rissouli, entre février 2012 et mai 2016, est disponible depuis vendredi en librairie.

Est-ce le prélude à une entrée en campagne ? Une façon de préparer le terrain à l’annonce d’une candidature ? Dans "Conversations privées avec le président", livre publié vendredi 19 août par les journalistes Antonin André (Europe 1) et Karim Rissouli (France Télévision) et qui retranscrit une série d'entretiens accordés entre février 2012 et mai 2016, François Hollande assure avoir "envie" de se présenter de nouveau en 2017, mais prévient qu'il n'envisage de sauter le pas que s'il y a "une possibilité de victoire".

"Des années passées sans vie personnelle (...) je sais ce que ça représente... Mais l'envie, je l'ai. C'est mon inclination personnelle", a-t-il confié aux auteurs de "Conversations privées avec le président" (Ed. Albin Michel), tout en reconnaissant avoir sous-estimé la difficulté de la fonction : "C'est dur, bien sûr que c'est dur. Beaucoup plus dur que ce que j'avais imaginé".

"Je ne ferai pas de choix de candidature si, d'évidence, elle ne pouvait se traduire par une possibilité de victoire", enchaîne le président qui apparaît partagé : "À partir de 60 ans, les années comptent différemment. Je sais aussi ce qu'est la lourdeur de cette tâche. C'est vrai que ça pourrait être aussi une sorte de libération de ne plus être là...", à l'Élysée. Et d'ajouter : "Si je perds, j'arrête la politique".

Si la décision de François Hollande ne sera officiellement donnée qu’en décembre, le chef de l’État, crédité de 15 % d’opinions favorables dans un récent sondage, s’applique à défendre son bilan. Après la défense de ses choix économiques lors de son interview du 14-Juillet, le président va plus loin cette fois-ci en assurant avoir d’ores et déjà sa place dans l’Histoire.

"Qu'est-ce que l'Histoire retiendra ? Moi j'ai réglé cette question"

"Ce qui est terrible, c'est de faire un mandat présidentiel dont il ne reste rien", dit-il. "Se dire : j'étais là, j'ai occupé la fonction. Mais qu'est-ce que l'Histoire retiendra ?". "Moi j'ai réglé cette question : le Mali, la réponse aux attentats de janvier, le mariage pour tous, la loi Macron. (...) Une fois qu'on a réglé cette question, on peut tout faire pour poursuivre, mais en même temps ce n'est pas un drame si tout s'arrête".

Le chef de l'État, qui considère qu'il est "devenu président dans le regard de beaucoup de gens" lors des attentats jihadistes, estime que "2017 se jouera sur les valeurs aussi. On n'élit pas un président sur ‘il a fait un peu plus ou un peu moins de chômage’. On l'élit parce qu'il a su parler à la nation".

Sur sa promesse d'une inversion de la courbe du chômage, il reconnaît avoir "eu tort" de la réitérer lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre 2012, mais note aussi : "Je n'ai pas eu de bol".

De Nicolas Sarkozy, il dit qu'il est "dans la brutalité" et ajoute : "Moi je ne fais pas de tacles par derrière quand lui pense en permanence : 'Je vais lui défoncer les dents' ". "Je pense que s'il ne lui arrive rien, c'est lui que j'affronterai" en 2017, poursuit-il à propos du président des Républicains, voyant en Alain Juppé une personnalité "plus fragile" en campagne.

"Le passage en force n'est pas ma méthode. C'est celle de Manuel Valls"

Le président décoche aussi quelques flèches contre son Premier ministre. Évoquant le recours au 49-3 pour la Loi travail, il affirme : "Le passage en force n'est pas ma méthode. C'est celle de Manuel Valls", coupable à ses yeux d'"une erreur majeure de communication". "Je lui ai fait comprendre qu'il s'était trompé et il l'a parfaitement intégré", assène-t-il aussi.

Quant à Emmanuel Macron, c'est "un garçon gentil" et "simple" qui "m'est totalement fidèle", même s'il a pu dire "ça ne va pas" lorsque le ministre de l'Économie avait déclaré dans une interview ne pas être son "obligé".

Contesté par une partie des socialistes, François Hollande a dû se résoudre à accepter l'organisation d'une primaire à gauche, prévue en janvier et pour laquelle plusieurs élus et anciens ministres ont l'intention de se présenter.

Benoît Hamon, qui a annoncé mardi sa candidature, et Arnaud Montebourg, qui devrait faire de même dimanche, insistent tous les deux sur la nécessité d'offrir une alternative à François Hollande.

Avec AFP et Reuters