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Parler de "camps polonais" sera bientôt passible de prison en Pologne

Le gouvernement conservateur au pouvoir en Pologne a décidé, mardi, d'introduire une peine allant jusqu'à trois ans de prison pour sanctionner l'utilisation de l'expression "camps polonais" au sujet des camps nazis dans le pays.

Parler de "camps polonais", pour faire référence aux camps d'extermination nazis en Pologne durant la Seconde Guerre mondiale, est un raccourci que Varsovie ne veut plus entendre. Le gouvernement polonais a adopté, mardi 16 août, un projet d'amendement qui doit introduire une peine allant jusqu'à trois ans de prison pour l'utilisation de cette expression.

Le gouvernement conservateur estime qu'il faut pénaliser "ces formules insultantes qui nuisent à l'image de la Pologne". Le sujet est sensible dans le pays, qui s'était offusqué en 2012 du recours aux termes "camps polonais de la mort" par le président américain Barack Obama, alors en visite officielle.

Les autorités demandent systématiquement rectification et le musée du camp d'Auschwitz-Birkenau propose même, depuis février 2016, de télécharger l'application Remember, qui corrige automatiquement toute expression erronée et propose une variante appropriée dans 16 langues.

La question de la responsabilité de la Pologne

"Les Polonais ont le sang qui bout dans les veines en lisant, y compris dans les médias allemands, qu'il y avait des 'camps de la mort polonais'", a déclaré le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro.

Selon le projet de loi, la peine de trois ans de prison ferme serait encourue pour "une attribution publique, au mépris des faits, à la nation ou à l'État polonais du fait d'avoir été coresponsable" des crimes du IIIe Reich. La Pologne se propose aussi de pouvoir réclamer devant la justice, par le biais d'ONG se constituant partie civile, "d'importantes sommes en dommages et intérêts".

Pour entrer en vigueur, le projet de la loi doit être voté par les deux chambres du Parlement et promulgué par le président. Cela ne devrait pas poser de difficulté, le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczinsky disposant depuis l'automne 2015 de la majorité absolue au Parlement et le président, Andrzej Duda, étant lui aussi issu de cette formation.

La question de la responsabilité des autorités polonaises dans le massacre des juifs par les nazis reste délicate, comme l'illustre la décision prise plus tôt cette année de retirer une distinction à un historien spécialiste de l'Holocauste. Jan Tomasz Gross, qui avait obtenu l'Ordre du mérite en 1996, a été jugé "antipatriotique" pour ses recherches sur la question, notamment sur le massacre de 1 600 juifs dans le village de Jedwabne, auquel la population locale a, selon lui, activement participé.

Avec AFP