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Gabon : Ping s'adjoint deux alliés de poids pour la présidentielle face à Bongo

L'opposant gabonais Jean Ping bénéficie du ralliement, depuis mardi, de deux autres candidats de l'opposition en vue de la présidentielle au Gabon. De quoi augmenter ses chances face au président sortant, Ali Bongo, lors du scrutin du 27 août.

Jean Ping est désormais "le candidat unique de l'opposition", clame mardi 16 août son entourage. Dans la course à la présidentielle gabonaise, l'opposant bénéficie en effet du retrait de deux poids lourds de la politique, qui soutiennent sa candidature dans l'espoir de chasser du pouvoir le président Ali Bongo, qui brigue un second mandat à la tête du pays.

"La sagesse des uns et des autres a finalement abouti à ma désignation pour représenter l'ensemble de l'opposition", s'est félicité Jean Ping, 73 ans, lors d'un meeting mardi dans le centre de Libreville, où il est apparu en compagnie de ses deux nouveaux alliés. "L'intérêt supérieur du pays vous a conduit à me désigner comme votre étendard", a-t-il poursuivi, affirmant devant des milliers de personnes qu'il voulait "mettre fin au règne de l'imposteur, du dictateur".

Pour éviter la dispersion des voix de l'opposition lors du scrutin à tour unique du 27 août, l'ex-président de l'Assemblée nationale Guy Nzouba Ndama et l'ex-Premier ministre Casimir Oyé Mba ont accepté de laisser le champ libre à Jean Ping. Un "ralliement solide et certain", selon l'entourage de ce dernier, et qui fait de lui le principal adversaire d'Ali Bongo à la présidentielle.

Car si la Commission électorale a validé au total 14 candidatures, les autres prétendants n'ont pas le poids du président sortant ni de ses trois principaux opposants.

"Un nouveau Gabon qui se construit"

Tous trois sont d'anciens cadres du régime d'Omar Bongo, père et prédécesseur de l'actuel chef de l'État, président pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009. Guy Nzouba Ndama, 70 ans, a été président de l'Assemblée nationale pendant 19 ans jusqu'à sa démission au mois de mars et Casimir Oyé Mba, 74 ans, a été Premier ministre d'Omar Bongo dans les années 1990. Quant à Jean Ping, il a été plusieurs fois ministre d'Omar Bongo, avant d'être porté à la tête de l'Union africaine en 2008.

Pourtant tous trois s'allient pour tourner la page de la dynastie Bongo. Jean Ping, né d'un père chinois installé au Gabon dans les années 1920, a promis "un Gabon à l'abri du besoin et de la peur" lors du lancement de sa campagne officielle, samedi à Lambaréné (centre), en pays myènè, l'ethnie de sa mère.

"Au nom de l'intérêt général, je me plie à la décision des partis et de la société civile", a déclaré à l'AFP Guy Nzouba Ndama, en annonçant qu'il ferait campagne pour Jean Ping. "C’est un nouveau Gabon qui se construit, sans Ali Bongo", s’est de son côté réjoui Zacharie Myboto, le président du parti de Casimir Oyé Mba.

Cette annonce de l’opposition a vivement fait réagir le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui a dénoncé sur Twitter un "marchandage d’épiciers" et une "alliance contre-nature", qui "présente un risque réel pour le Gabon".

Bongo se présente comme "le candidat du changement"

Avant de s'unir, des opposants ont demandé en vain l'invalidation de la candidature d'Ali Bongo, 57 ans, estimant que l'actuel président était un enfant du Nigeria adopté par son père, et qu'il ne pouvait être élu à la tête de l'État en vertu de la Constitution gabonaise. "Ils ont dit que j'étais étranger, ils ont dit que j'étais biafrais, qu'ils en apportent la preuve !", a rétorqué l'intéressé à l'AFP vendredi, à la veille du lancement de la campagne officielle.

"Ils redoutent le candidat Ali Bongo parce qu'il a quand même un bilan satisfaisant (...) et ils n'ont aucune chance de gagner", a ajouté le président sortant, qui s'est présenté comme le "candidat du changement" face aux ex-barons de son père.

Avec AFP